Les raisons de la mobilisation du 24 janvier | Espace Infirmier
 

23/01/2017

#Soigneettaistoi

Les raisons de la mobilisation du 24 janvier

Les organisations professionnelles syndicales et associatives appellent une nouvelle fois à une « mobilisation générale » pour dénoncer la dégradation des conditions de travail, la souffrance des soignants et le « mépris » de la ministre de la Santé. Des revendications exprimées lors d'un point presse le 23 janvier.

Ils étaient 16 à appeler à la mobilisation générale le 8 novembre dernier. Pour la deuxième mobilisation, ils ne seront plus que 14 – organisations professionnelles syndicales et associatives (1)– à battre le pavé le mardi 24 janvier, dans le froid parisien (2). Une mobilisation qui s’inscrit « dans la continuité des actions engagées le 8 novembre, a expliqué Nathalie Depoire, présidente de la CNI lors d’un point presse le 23 janvier. Malgré les annonces faites le 5 décembre par Marisol Touraine, les conditions d’exercice ne cessent de se dégrader. Alors que nous faisons face à un mépris des pouvoirs publics vis-à-vis des professionnels, du mal-être important… Les programmes de réingénierie sont tous en stand-by avec régulièrement des promesses de reprise. Ce cri que nous lançons est synonyme d’un trop-plein ! On attend du concret. »

« On nous parle de virage ambulatoire, mais on oublie les infirmières libérales, s’est exclamé Thierry Pêchey du syndicat Convergence Infirmière. On dénonce une nomenclature obsolète, où ne figurent pas certains actes infirmiers, comme la pose de bandes de contention ou le retrait de la sonde urinaire à domicile. Les protocoles de coopération lient l’infirmière au médecin, souvent avec des formations low cost de quelques jours alors qu’on pourrait avoir une formation Master. Si le médecin part ou décide qu’on ne peut plus le faire, on n’a plus le droit de faire ces actes. On revendique une vraie formation qui soit une acquisition des compétences et non un transfert des tâches. »

Les professions paramédicales sont « le parent pauvre de la formation continue », a expliqué Christian Allemand, secrétaire général du SNICS-FSU qui s’est interrogé sur la place donnée à la parole infirmière. Un sentiment de mépris que partage Dominique Lanquetin, présidente de l'Aifibode et vice-présidente de l’Unaibode : « Nous demandons un temps dédié à l’encadrement des étudiants. Mais également, une universitarisation de notre formation, au même titre que les infirmières anesthésistes, et une revalorisation salariale, en raison notamment du décret d’actes exclusifs. » Nouveau membre du collectif, l'Union nationale des étudiants de France (Unef) souhaite, elle, une équivalence au titre de Master et un effort concernant les indemnisations de stage : « Nous avons reçu une augmentation de 25 % mais ce n’est pas suffisant, au vu des 2 100 heures de stage obligatoires », a expliqué Rim Yehya, sa représentante.

« Marisol Touraine est la ministre qui a eu le plus long mandat. Mais elle n’a jamais rencontré les organisations infirmières, a déploré Thierry Amouroux, secrétaire générale du SNPI. Ce que nous retiendrons de ses cinq années d'exercice ? L’absence d’arbitrage sur la notion de Master, l’accélération de la dégradation des conditions de travail, la fermeture des lits (100 000 lits fermés en 10 ans), la souffrance des soignants, la multiplication des erreurs (hausse de 48 % en 4 ans) et des événements indésirables graves : rien qu'à l'AP-HP, 24 en 2013, 54 en 2014, 74 en 2015 et lors de ses vœux en 2016, Martin Hirsch a annoncé qu'on avait franchi les 100. Les politiques ont du mal à faire le lien entre leurs décisions économiques et le nombre de morts sur le terrain. Ils ne se rendent pas compte qu’ils ont du sang sur les mains. »

Karen Ramsay

1. Association des enseignants des écoles d'Infirmiers de bloc opératoire (Aeeibo), Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide), Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiantes (ANPDE), Comité d'entente des écoles d'infirmiers anesthésistes (Ceeiade), Convergence infirmière, Coordination nationale infirmière (CNI), Syndicat des infirmiers anesthésistes (Snia), Syndicat national des infirmier(e)s conseiller(e)s de la santé (SNICS-FSU), Syndicat des infirmier(e)s éducateurs en santé de l'éducation nationale (SNIES-UNSA), Syndicat national des professionnels infirmiers, infirmières, cadres infirmiers - infirmières spécialisées (SNPI CFE-CGC), Syndicat national des infirmières puéricultrices libérales (SNIPUERLIB), Union nationale des associations des infirmiers de bloc opératoire diplômés d'État (Unaibode), Union nationale des étudiants de France (Unef), et Union nationale des infirmiers diplômés d'état libéraux (Unidel)

2. Cette fois-ci, aucune mobilisation en province n'est prévue, expliquent les organisateurs.

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