Qualité de vie au travail : vraie stratégie ou poudre aux yeux ? | Espace Infirmier
 

06/12/2016

RISQUES PSYCHOSOCIAUX

Qualité de vie au travail : vraie stratégie ou poudre aux yeux ?

La déception domine après la présentation par la ministre de la Santé de la stratégie d’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé. Les organisations syndicales préparent déjà une nouvelle mobilisation en janvier 2017.

« Prendre soin de ceux qui nous soignent » : la ministre de la Santé a ainsi résumé la « stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail », présentée, le 5 décembre, aux organisations et syndicats de professionnels de santé. Elle répondait à l’émotion soulevée par la série de suicides qui a touché le monde infirmier cet été, et à sa forte mobilisation, le 8 novembre. La ministre le reconnaît : « Le contexte économique conduit depuis plusieurs années à redoubler d’efforts pour renforcer l’efficience et améliorer la gestion des deniers publics. »

Pour améliorer les « conditions d’exercice » des professionnels de santé, Marisol Touraine déploie une stratégie en 3 axes et 10 engagements :
- Le premier axe est de « donner une impulsion nationale, pour porter une priorité politique ». Sera mis sur pied un « observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux des professionnels de santé ». Dans les établissements, des médiateurs seront nommés en cas de conflit  – pour les personnels non-médicaux, ce seront des cadres supérieurs – mais il sera aussi possible de faire appel à un médiateur régional, médecin, directeur ou soignant volontaire. Un médiateur national doit, lui, coordonner le réseau de médiateurs régionaux. Les formations initiales et continues intégreront, elles, de nouveaux modules sur la qualité de vie au travail. Et le management sera plus spécifiquement formé à « la gestion et l’animation d’équipes, les leviers de la reconnaissance, la résolution de conflits et la conduite de projets ». 30 millions d’euros seront également investis sur 3 ans pour « revaloriser la médecine du travail et généraliser les services pluriprofessionnels de santé au travail ». Un « cycle de concertations » doit aussi être lancé afin de « mieux valoriser » les contraintes de travail liées à la continuité des soins.
- Le deuxième axe vise à « améliorer l’environnement et les conditions de travail des professionnels au quotidien », notamment en systématisant « les réunions d’équipe de proximité », en « synchronisant les organisations de travail médicales et paramédicales », ou encore, en « redonnant de la stabilité et de la visibilité en matière de planning ».
- Le troisième axe vise, lui, à « accompagner le changement », en particulier « les cadres dans leurs activités de management ».

« Du blabla ! »

Les réactions à ce plan sont très mitigées. Tous soulignent un « bon discours, des annonces positives, notamment sur le volet formation », se félicite d’abord Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC). « Il y a un affichage politique fort, des points pertinents », confirme Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Mais tous deux nuancent fortement leur propos. « Le problème, c’est le contexte : les plans d’économies successifs, l’effort de 3 milliards d’euros supplémentaires demandé à l’hôpital en 2017. En contrepartie, un effort de 30 millions d’euros sur 3 ans est fait pour la médecine du travail… », souligne le secrétaire général du SNPI. Et Nathalie Depoire renchérit : « Il n’y a plus de médecin du travail dans beaucoup d’établissements, en raison du manque d’attractivité de cette profession. On annonce un renforcement de la formation, mais on ponctionne les crédits de l’Agence nationale de formation hospitalière. Il y a un problème de cohérence ». Le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) est plus virulent encore : « C’est du blabla ! Pour diminuer la pénibilité, il faut embaucher, fixer des ratios minimums de soignants ! », explique Simon Taland, son secrétaire général. La déception est forte et tous les syndicats infirmiers semblent sur la même longueur d’ondes : « Nous allons nous remobiliser en janvier, assure Nathalie Depoire. Reste à trouver une date. »

Caroline Coq-Chodorge

Les dernières réactions

  • 06/12/2016 à 23:45
    Motarde de Dijon
    alerter
    MST est en CDD. Pour anesthésier la profession qui aime les discours lénifiants, Madame la Ministre propose un « observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux des professionnels de santé ».

    Encore un machin où l'on
  • 07/12/2016 à 02:46
    Fanny
    alerter
    Les frère et sœur du syndicalisme ordinal infirmier na savent pas de quoi ils causent puisque sont absents du terrain depuis des lustres. Le 08 novembre après la grève hystérique infirmière ils trouvaient même des dizaines de milliers de manifestants dans
  • 07/12/2016 à 05:45
    blaise
    alerter
    Je vous trouve plutôt sévère avec des personnes payées avec de l'argent public pour avoir un avis sur tout, manifester et faire grève pour défendre leurs consœurs et confrères qui souffrent.
    C'est aussi un dur labeur que de cirer des pompes !

    Et rappe
  • 07/12/2016 à 23:09
    Blablabla
    alerter
    Bla bla bla... ils prennent surtout soin de leur image ! Mais on ne guérit pas d'un cancer du cerveau. ça se saurait ! Incroyable quand même de vouloir soigner ses propres victimes, non ? ça porte quel nom en psychiatrie ? Ah oui ! La schizophrénie ?
  • 15/12/2016 à 12:13
    mamijo976
    alerter
    En retraite depuis 5 ans, je vois la qualité de vie des soignants se dégrader de plus en plus! Mes collègues cadres de santé sont en souffrance: pas de possibilité de faire des plannings corrects en temps voulu par manque d'effectifs ou de sortir la tête
  • 15/12/2016 à 16:16
    Motarde de Dijon
    alerter
    Il y a un corollaire entre la qualité des soins et la qualité de vie professionnelle des soignants. Il ne peut pas y avoir de qualité des soins, sans prendre en compte la qualité de vie des soignants et leurs conditions de travail. Affirmer le contraire e

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