Un tiers des infirmiers anesthésistes dans la rue | Espace Infirmier
 

22/03/2016

Un tiers des infirmiers anesthésistes dans la rue

Les Iade ont manifesté en masse à Paris aujourd’hui. Ils réclament un statut d’infirmier de pratique avancée et le salaire qui va avec. Le ministère s’est engagé à revoir leur grille de salaire.

Les infirmiers anesthésistes (Iade) se sont mobilisés en masse, ce mardi 22 mars. Selon le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia), 3250 soignants -1700 selon la police- ont manifesté dans les rues de Paris, du ministère de la Fonction publique à celui de la Santé, soit un tiers de l’effectif de la profession. Près de 10000 Iade exercent en effet en France, et 1000 étudiants sont en cours de formation. Des rassemblements se sont également tenus devant les Agences régionales de santé de Lyon ou de Bordeaux, ainsi que dans les départements et territoires d’outre mer. « C’est une mobilisation exceptionnelle, malgré les nombreuses assignations par les établissements », souligne Vincent Porteous, de l’Union fédérale médecin infirmières cadres et techniciens (UFMICT) CGT.

Délégations de tâches

Cette manifestation est le point d’orgue d’un mouvement débuté à l’automne, lorsque des discussions se sont ouvertes avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). « Très vite, on nous a indiqué qu’il ne serait pas question de notre statut et de notre salaire », explique Bruno Huet, vice-président du Snia. Or, les Iade veulent être considérés comme des infirmiers de pratique avancée (IPA), un nouveau statut créé par la loi de santé, intermédiaire entre les paramédicaux et les médecins. « Les pratiques avancées sont pour l’instant réservées au suivi des malades chroniques : sous la supervision des médecins, des IPA pourront conduire des actions d’éducation thérapeutique, prescrire et suivre le dosage de l’hémoglobine glyquée des patients diabétiques, etc. De notre côté, nous sommes capables de plonger un patient dans un coma artificiel contrôlé et réversible, sous la responsabilité du médecin anesthésiste. Il y a des similitudes en termes de responsabilités », argumente Bruno Huet.

Les délégations de tâches des médecins anesthésistes vers les Iade interviennent surtout pendant la phase opératoire. Ils peuvent réaliser la totalité des actes, ou une partie. « Cela dépend de la complexité de l’opération, des antécédents des patients, et des pratiques des médecins », explique Bruno Huet. Christophe et Christophe, venus de Caen, expliquent que leurs responsabilités sont encore plus grandes dans un contexte de forte pénurie de médecins anesthésistes : « Les établissements ont recours à des intérimaires, qui débarquent dans nos services sans les connaître, dans un contexte d’urgence. Nous sommes alors les garants de la sécurité des patients. »

L’anesthésie, mais aussi l’urgence et le traitement de la douleur

Les Iade craignent aussi de voir des IPA se positionner dans leur champ de compétence, qui est vaste : l’anesthésie, mais aussi l’urgence et le traitement de la douleur. « Nous ne voulons pas que notre diplôme soit morcelé, explique Gerald Delarue, président de l'Association nationale des étudiants infirmiers anesthésistes (AneiaA). Depuis 2014, nous avons un diplôme de niveau master, au bout de 5 années d’études qui nous ont permis d’acquérir de multiples compétences. »

Ces revendications se doublent d’une attente de revalorisation salariale. « Nous voulons que notre diplôme soit reconnu au même titre que ceux des corps intermédiaires de la fonction publique, explique Vincent Porteous, de la CGT. Aujourd’hui, en fin de carrière, nous sommes payés 500 à 800 euros de moins. » Les Iade semblent avoir été entendus. Les représentants des manifestants ont été reçus par une conseillère du ministère de la Santé, qui s’est engagée à ce que soit revue cet été « l’architecture de la grille de salaire, rapporte Bruno Huet. Nous pouvons espérer l’annonce d’une revalorisation à la fin de l’année, qui sera sans doute lissée sur plusieurs années. »

Texte et photos: Caroline Coq-Chodorge


Les dernières réactions

  • 17/05/2022 à 20:57
    Elena Sanchez
    alerter
    La réaction a été supprimée car elle ne respecte pas la charte du site.

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue