La santé mentale souffre de l’enfermement | Espace Infirmier
 

24/03/2014

La santé mentale souffre
de l’enfermement

Le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) souhaite un renforcement des effectifs soignants dans les lieux de détention et les établissements de santé pour faire face au nombre croissant de personnes atteintes de troubles psychiques.

Le rapport d’activités 2013 du CGLPL, publié le 11 mars, s’appuie sur la dernière étude, datant de 2004, qui estime qu’en prison 80% des hommes et 70% des femmes présentent des troubles psychiatriques. Un phénomène confirmé par les personnels des établissements, qui évoquent tous “une augmentation des troubles mentaux chez les personnes dont ils ont la charge”.  Il s’agit notamment de troubles du comportement, précisent certains psychiatres, liés aux conditions de détention et “aux dysfonctionnements de la prison”, et qui viennent s’ajouter aux troubles psychiatriques caractérisés.

Une formation insuffisante

Pour mieux prendre en compte la santé mentale, Jean-Marie Delarue, le CGLPL, préconise le lancement d’enquêtes épidémiologiques, y compris dans les hôpitaux psychiatriques. Il recommande aussi un renforcement des effectifs de soin, et notamment des infirmières et des psychologues, ainsi qu’une formation dédiée à l’intervention en milieu fermé. “Les personnels soignants eux-mêmes, commente-t-il dans son rapport, se disent insuffisamment préparés à la confrontation avec les problématiques délinquantes et avec celles des populations migrantes.”

Jean-Marie Delarue déplore également un manque de communication entre surveillants et soignants, pouvant conduire là-aussi à une carence dans la détection et la prise en charge de la souffrance des personnes détenues. Il demande la création de lieux d’échange et de temps de réflexion sur les pratiques de chacun, dans le respect du secret médical.

Un manque d'activités dans les hôpitaux psychiatriques

Pour ce qui est des hôpitaux psychiatriques, il recommande que les mises sous contention et à l’isolement apparaissent dans un registre soumis au contrôle de la commission départementale des soins psychiatriques, ainsi que dans le dossier médical du patient. Ces pratiques “doivent faire l’objet d’un examen au cas par cas et correspondre à une nécessité thérapeutique, validée par une décision médicale".

Par ailleurs, le contrôleur s’inquiète « de l’inactivité » dans laquelle sont maintenus les patients de psychiatrie. « Les espaces et les personnels voués aux diverses thérapies possibles (ergothérapie, art-thérapie…) sont très généralement insuffisants, souligne le contrôleur, qui a visité 17 établissements en 2013. Doit-on se contenter, pour des personnes jeunes, de leur proposer de regarder la télévision, de jouer à quelques jeux de société élémentaires ou de faire de la pâtisserie ? »

Enfin, le CGLPL persiste et signe en remettant sur la table sa demande à intervenir dans les Ehpad. "Le problème de privation de liberté y est quand même posé. Il faut laisser le temps au temps, que la réflexion chemine", a-t-il estimé. Une cinquantaine de personnes l’ont déjà saisi pour témoigner des conditions de leur prise en charge ou de celles de leurs proches dans ces établissements.

Concepcion Alvarez
Photo: © jtanki - Fotolia.com


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