Interview de Pascal Prayez | Espace Infirmier
 

04/09/2019

Pascal Prayez : « L'estime de soi est souvent mise à mal chez les professionnels du soin »

Pascal Prayez est psychologue clinicien et auteur de plusieurs ouvrages. Il vient de faire paraître, aux éditions Lamarre, le roman pédagogique « Julie ou le chemin de l'estime de soi ». Un ouvrage qui ne s’adresse pas seulement aux professionnels accompagnant des personnes blessées dans leur estime, mais qui invite chacun d’entre nous à se réconcilier avec soi-même.

Espace infirmier : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire la suite des aventures de Julie ?

Pascal Prayez : Il me semblait important d’aborder le thème de l’estime de soi, si souvent mise à mal chez les professionnels du soin ou du travail social. Mais j’ai aussi souhaité répondre à l’attente des lectrices et lecteurs du premier volume, consacré à la juste distance, bien qu’on puisse se plonger dans ce livre sans avoir lu le précédent.

Comment faites-vous pour vous tenir au plus près du quotidien des soignants ?

C’est très simple : j’écoute leurs récits lors de formations que j’anime, j’entends leur sentiment d’être parfois admirés ou au contraire méprisés, dépréciés, surtout dans le contexte institutionnel actuel. Ces confidences me touchent, d’autant que j’ai moi-même exercé une profession de santé avant d’être psychologue.

Pourquoi choisir la fiction et ne pas rendre compte d’entretiens, d’histoires vécues ?

Quand on entre dans un roman, on n’est pas obligé de le lire « sérieusement » comme lorsqu’on analyse un entretien ou un texte théorique. On a le droit de se laisser emporter par les émotions ou de s’identifier aux personnages. On devient Julie, on retrouve avec elle fierté et joie de vivre, on se demande avec Adam – jeune blessé médullaire – ce qu’est une sexualité « normale », on s’amuse des maquillages d’Ophélia ou on craint pour Manon, la stagiaire maltraitée… Ainsi, en découvrant comment ils dépassent leurs épreuves, on apprend quelque chose sur nous-mêmes. Par ailleurs, différents blocs-notes émaillent ce roman pédagogique pour donner des clés théoriques.

Qu’apporte votre livre aux professionnels du soin ?

La liberté d’être ce qu’ils sont. Cela passe par une compréhension plus claire des auto-jugements, des comparaisons sociales, des commentaires esthétiques plus ou moins dévalorisants… Sans nier la réalité de ces processus mentaux, le fait de retrouver un centre – à commencer par l’écoute des sensations corporelles – permet de pas se laisser définir par le miroir du regard des autres. Cette liberté amène à vivre de façon plus présente, avec une certaine joie et être dans une communication authentique. Les professionnels, en parcourant ce chemin pour eux-mêmes, aideront plus facilement les patients blessés dans leur image du corps et leur estime.

Votre personnage principal est une femme. Pensez-vous écrire sur un soignant ?

Avec la question du genre, on interroge à nouveau l’identité, l’image et l’estime de soi. Je crois que les hommes gagnent à laisser parler leur part féminine, au-delà des rôles stéréotypés. À ce titre, ce roman concerne aussi les hommes, d’autant que Julie a des collègues masculins.

Propos recueillis par Léonore Mule, pour les éditions Lamarre.

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