Vers un nouveau plan pour l'accompagnement de la fin de vie - Objectif Soins & Management n° 278 du 01/12/2020 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 278 du 01/12/2020

 

Actualités

Anne Lise Favier  

Soins palliatifs

Le ministre de la Santé a annoncé le lancement de travaux préparatoires au nouveau plan de développement des soins palliatifs, une initiative saluée par les professionnels de la fin de vie. Ces derniers rappellent plus que jamais l'importance de ce plan et la poursuite nécessaire des travaux.

C'est à l'occasion de journée mondiale des soins palliatifs qui se tient chaque année à la mi-octobre que le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé le lancement des travaux préparatoires à l'élaboration du prochain Plan national de développement des soins palliatifs et d'accompagnement de fin de vie. Il salue « les efforts des équipes de soins palliatifs qui sont en première ligne durant la crise liée au Covid-19, avec l'objectif de garantir à toute personne de recevoir les traitements et les soins adéquats pour soulager sa douleur, apaiser sa souffrance psychique, sauvegarder sa dignité et avoir l'assurance que son entourage soit également accompagné ». Selon le ministère, « le dernier plan pour garantir la mise en œuvre effective des droits de la fin de vie s'est achevé en 2019. Les actions menées ont permis de structurer, graduer et densifier l'offre de soins palliative ». Malgré cela, l'accès aux dispositifs de fin de vie continue de souffrir d'une mise en œuvre contrastée sur les territoires, selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui a évalué le plan 2015-2018. Cette dernière révélait en 2019 que les « effets concrets sont restés néanmoins modestes pour les professionnels et les patients, car l'accès aux soins palliatifs et le nombre de personnes formées demeurent faibles, même s'il existe sur le terrain de nombreux projets, au-delà du plan lui-même, qui concourent à mobiliser les acteurs au service d'un meilleur accompagnement en fin de vie ». Afin de redonner une force d'entraînement à cette démarche, la mission de l'IGAS avait alors formulé un ensemble de recommandations pour l'élaboration du prochain plan. Celles-ci visaient notamment à mieux insérer les soins palliatifs dans l'organisation des soins, à adapter davantage les actions à la diversité des contextes et problématiques de fin de vie, et à engager un effort important de formation et d'information. Le rapport préconisait en outre certaines évolutions concernant les missions et la gouvernance du Centre national sur la fin de vie et les soins palliatifs.

Des efforts mais une offre encore insuffisante

Ainsi, sur la base des préconisations de l'IGAS et des enseignements de la crise sanitaire liée à la Covid19, le ministère de la Santé souhaite travailler, pour ce nouveau plan, sur le renfort de « l'acculturation aux droits de la fin de vie » et diffuser « la culture palliative parmi les professionnels ». Il va également s'attacher à « diffuser les bonnes pratiques, garantir un haut niveau d'expertise en soins palliatifs et son accessibilité pour les acteurs en s'appuyant sur la formation et les travaux de recherche ». Enfin, le troisième axe de travail s'orientera vers le déploiement des « prises en charge de proximité en renforçant les coordinations, en structurant des modalités d'intégration précoce des soins palliatifs et de l'accompagnement de fin de vie ». Une annonce saluée par la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs qui rappelle que « les soins palliatifs ne sont pas une option idéologique, ils sont un besoin de santé publique qui dépend d'un choix politique », un fait encore plus prégnant avec la crise sanitaire qui a montré « combien pour soigner les corps et soulager les cœurs de ceux qui sont malades, l'humain, proche, bénévole ou soignant, s'adapte, imagine, et puise au plus profond de soi l'empathie, la solidarité et l'attention à l'autre ». Elle se félicite donc de la confirmation par les pouvoirs publics d'un nouveau plan de développement des soins palliatifs dont elle ne doute pas qu'il soit « ambitieux ». Une nécessité mise en avant par la publication du 2e Atlas national sur les conditions de la fin de vie en France publié par le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV) qui pointe du doigt l'absence d'unité de soins palliatifs (USP) dans 26 départements. Ainsi, en France, on compte 2,8 lits en USP et 8,4 lits identifiés soins palliatifs, soit un peu plus d'un lit d'USP pour 100 000 habitants, principalement dévolus aux malades du cancer. Compte-tenu du vieillissement de la population et de l'augmentation de la population française, la mortalité devrait atteindre les 770 000 morts d'ici 2050 – elle dépasse aujourd'hui les 600 000. A l'aune de ces chiffres, le CNSPFV espère donner une image des enjeux à venir : accompagnement et prise en charge des personnes à domicile et dans les établissements médico-sociaux mais aussi ajustement et réorganisation de l'offre de soins palliatifs au plus près des territoires. En cinq ans, l'offre de soins a augmenté de 14 % mais celle-ci demeure mal répartie. Une feuille de route devrait voir le jour d'ici la fin du premier trimestre 2021.