Jérôme Goeminne modernise le bureau national du SMPS - Objectif Soins & Management n° 278 du 01/12/2020 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 278 du 01/12/2020

 

Actualités

Claire Pourprix  

Syndicat

 

Jusqu'à présent, 60 % du bureau national du SMPS étaient représentés par des directeurs d'hôpital. Jérôme Goeminne, le nouveau président de l'organisation syndicale élu le 6 novembre, tête de liste « ensemble, construisons l'avenir des manageurs de santé », en a décidé autrement.

« Nous avons souhaité impulser ce changement car avec les membres de la liste, nous pensons qu'il faut donner une place égale à toutes les catégories de manageurs à l'hôpital. Tout ce qui concerne une catégorie peut avoir un impact sur les autres, et cette prise en considération de tous sera bénéfique pour les patients et les établissements. Au quotidien nous sommes capables de trouver des terrains d'entente ensemble. Autant le faire aussi au niveau syndical et lobbyiste : nous aurons ainsi plus de poids pour présenter ensemble nos travaux aux pouvoirs publics. »

Pour la première fois donc, une liste de 6 binômes de managers de santé a été constituée : deux directeurs d'hôpital, deux directeurs de soins, deux directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et de médico-sociaux, deux cadres administratifs et deux cadres techniques. Les statuts ne permettant pas d'avoir moins de trois directeurs d'hôpital au bureau, un chargé de mission cadre de santé a été nommé aux côtés du vice-président en charge des cadres de santé, Sébastien Rétif (voir encadré). « Pour aller plus loin, nous allons changer les statuts afin d'accueillir également au bureau un binôme de managers médicaux », ajoute Jérôme Goeminne.

Reconnaissance et égalité salariale

Le SMPS se positionne à la fois comme un syndicat et un lobbyiste. Il a la particularité de représenter uniquement le service public hospitalier, et uniquement ses managers. « Nos positions sont pragmatiques et modernes », déclare son président, qui entend mettre en œuvre son programme établi sur quatre piliers :

– une meilleure reconnaissance des directeurs des soins, directeurs d'établissement sanitaire et médico-sociaux et des managers médicaux avec l'alignement de leur salaire sur celui des directeurs d'hôpital ;

– la territorialisation de la santé, avec une simplification du modèle administratif pour faciliter la coordination entre les différents établissements d'un territoire afin de mieux répondre aux besoins des patients chroniques, de plus en plus nombreux ;

– l'égalité salariale des cadres hospitaliers, de santé, logistiques et techniques avec les autres cadres des fonctions publiques d'État et territoriale. « Il n'est pas normal que des cadres hospitaliers gagnent moins que leurs homologues et encore moins qu'un cadre de santé soit moins rémunéré que les autres cadres à l'hôpital ! », déplore Jérôme Goeminne ;

– la régionalisation de l'action du SMPS.

Jérôme Goeminne avait déjà développé des actions régionales au sein du SMPS en tant que secrétaire régional Grand Est. Directeur adjoint du CH de Lens (2005-2012), directeur de la maternité régionale Nancy et directeur adjoint du CHU Nancy (2012-2014), directeur du groupe hospitalier Est de la Meurthe et Moselle (4 établissements, 2014-2017), Jérôme Goeminne dirige depuis 2017 le GHT Cœur Grand-Est. Il entend mettre à profit son expérience dans le domaine de la logique délégative de concertation au profit du SMPS. « En trois ans, les 10 établissements du GHT ont réussi à complètement territorialiser leur action. Nos projets d'établissements portent sur tout le territoire, et il en est de même pour tous les projets. La stratégie territoriale est menée de manière concertée par les représentants médicaux, paramédicaux et les élus. » Un modèle que Jérôme Goeminne qualifie de « Valenciennes au niveau du territoire ».

Sébastien Rétif élu vice-président catégorie cadres soignants

Cadre de santé en exercice à Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine), Sébastien Rétif a fait une partie de sa carrière dans le secteur médico-social en Loire-Atlantique. Engagé au sein du SMPS de longue date, il entend accompagner Jérôme Goeminne dans le nouvel élan donné au syndicat. Parmi ses missions prioritaires, la question de la rémunération est primordiale, et comprend : révision de la grille de salaires des cadres, triplement de la prime d'encadrement, revalorisation et harmonisation de la rémunération des astreintes, enfin prime des tutorats et valorisation de la mission de maître de stage dévolue aux cadres.

Corollaire à la rémunération, Sébastien Rétif souhaite agir pour une meilleure reconnaissance des cadres de santé. Il veut notamment généraliser l'instauration de 2 à 4 journées de valorisation professionnelle pour que les cadres puissent participer à des conférences, congrès, rédiger des articles, enseigner... « Les cadres sont très innovants mais n'ont matériellement pas le temps de mettre en lumière ce qu'ils font », regrette-t-il. Un autre chantier est d'alimenter, dans une démarche participative, un guide actualisé du quotidien des cadres, pour répertorier des initiatives sur la qualité de vie au travail et œuvrer à la mise en place d'une organisation du travail en 12 h. Il souhaite aussi créer des espaces cadres, à savoir des lieux d'échanges managériaux pour « produire ensemble sur des problématiques qui nous rassemblent, à l'échelle d'un GHT par exemple, faire des réponses à appels à projets à plusieurs. »

Sébastien Rétif place aussi la question des « faisant fonction » au cœur de son action, cette fonction étant souvent remplie trop longtemps sans accompagnement ni formation, pour « boucher des trous dans le planning de l'encadrement. »

Dans un contexte d'épuisement des cadres, le vice-président attend des signaux forts de reconnaissance de la part du gouvernement pour « montrer qu'ils ne sont pas les oubliés de la crise ».