COLT, une nouvelle structure de lutte contre le tabac aux HCL - Objectif Soins & Management n° 264 du 01/08/2018 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 264 du 01/08/2018

 

Actualités

Claire Pourprix  

Santé Publique Les Hospices civils de Lyon ont mené la plus importante étude sur le tabac au sein d’un établissement hospitalier. Ils s’appuient sur ces résultats pour lancer un plan d’actions orchestré par le tout-nouveau Comité de lutte contre le tabac (COLT).

Engagée à l’occasion du Mois sans tabac 2017 par l’Institut de Cancérologie des HCL, une vaste enquête épidémiologique sur les comportements liés au tabac vient de livrer ses résultats. 35 000 questionnaires ont été remis aux personnels, étudiants et patients pour évaluer la prévalence du tabagisme au sein des HCL, identifier les facteurs prédictifs des comportements liés au tabac et évaluer les capacités des soignants à délivrer de l’information sur le tabac aux patients. L’objectif final de cette démarche étant de lancer un programme de lutte contre le tabac adapté aux groupes identifiés comme à risque au sein des HCL afin de mieux cibler les actions pour obtenir un sevrage tabagique plus efficace.

Rendre les soignants acteurs de la prévention du tabac

Les 11 276 questionnaires rendus et analysés ont révélé que 25 % des professionnels de santé des HCL sont fumeurs (contre 31 % au niveau national). Les conditions de travail impactent peu le statut tabagique, hormis dans le cas du travail de nuit qui semble constituer un facteur de risque. De plus, étudiants paramédicaux et personnels de la catégorie C ont plus de risque d’être fumeurs.

L’impact du professionnel de santé

L’enseignement principal de l’enquête porte sur la capacité d’action préventive des professionnels de santé auprès des patients. Sur les 1 563 patients interrogés, 76 % témoignent qu’un soignant s’est enquis de leur statut de fumeur pendant leur hospitalisation mais seuls 32 % se sont vu proposer un conseil d’arrêt du tabac, parmi lesquels 31 % des patchs nicotine et 17 % une consultation spécialisée. 36 % d’entre eux devaient stopper le tabac en raison de leur hospitalisation. Quand on sait que, souligne le communiqué des HCL, « un fumeur a 80 % plus de chances d’arrêter s’il reçoit l’aide d’un professionnel », l’action préventive des soignants mérite d’être renforcée.

D’autant que la très grande majorité des personnels et des étudiants (plus de 80 %) se disent capables de délivrer une information sur les dangers du tabac à leur entourage ou à des patients.

Un plan d’actionsen trois axes

Le COLT, structure transversale mis en place par l’Institut de cancérologie des HCL, a pour objet d’exploiter ces données pour mener des actions de coordination et de suivi de la lutte anti-tabac au niveau de l’institution et de recherche clinique sur le thème du tabac. Il vise également à mener des actions ciblées d’information et de prévention auprès des personnels et étudiants à risque et à leur proposer des interlocuteurs formés en tabacologie. Vis-à-vis des patients, le comité prévoit de structurer l’offre de soins en tabacologie avec la formation d’infirmières référentes tabac dans chaque unité de soins, des consultations d’infirmières tabacologues dans chaque groupement hospitalier des HCL, épaulées par un médecin tabacologue pour les cas complexes.

Première cause de mortalité évitable en France, le tabac n’est pas une fatalité. « Notre objectif est d’obtenir un taux de prévalence en baisse de 2 points en 5 ans, soit 23 % a lieu de 25 %, ce qui représente 250 agents fumeurs de moins », commente Sébastien Couraud, MD PhD, service de pneumologie aiguë spécialisée et cancérologie thoracique du CH Lyon Sud, homme-orchestre de cette initiative.

POUR EN SAVOIR PLUS

• Voir l’article « Soignants et tabac : une étude inédite aux HCL », OSM261 – février-mars 2018 – page 12.