L’infirmier universitaire - Objectif Soins & Management n° 259 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 259 du 01/10/2017

 

Actualités

Laure de Montalembert  

Rapport Le carambolage entre les anciennes écoles d’infirmières et l’université donne lieu à des aventures passionnantes. Cela dit, tout ne se fait pas en un jour. Le rapport de l’Igas* propose un chemin pour l’avenir. À suivre…

En juin dernier, est sorti le très vaste rapport “Pour une meilleure intégration des formations paramédicales à l’université”*. C’est à la suite de la grande conférence de santé de février 2016 qu’une mission conjointe de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et de l’inspection générale de l’Éducation nationale et de la Recherche a été chargée d’examiner les modalités de mise en œuvre des droits sociaux des étudiants en formation paramédicale, de l’évaluation de l’offre de formation et de l’ancrage pédagogique de ces formations à l’université.

L’alignement des bourses et un statut universitaire

Parmi les mesures phares, préconisées par le rapport et qui va faire du bien aux étudiants, « l’alignement des bourses permettant d’atténuer les fortes hétérogénéités issues de la décentralisation de 2004 » ainsi que « l’accès aux prestations en nature servies par le Crous, restauration et logement », ce qui « implique une coordination accrue des acteurs ».

Par ailleurs, la question du statut universitaire des étudiants des formations paramédicales devrait être rediscutée afin de leur permettre d’accéder à une reconnaissance complète du statut d’étudiant universitaire : « La mission propose d’achever de reconnaître un statut d’étudiant universitaire de plein droit aux élèves des formations paramédicales. »

Disparition du concours

Le mode de recrutement serait également modifié. Ainsi, il est proposé de généraliser l’admission post-bac qui se substituerait au concours d’entrée en IFSI. « Cette procédure permettrait de diversifier les profils des étudiants et améliorerait l’accessibilité sociale de ces formations (paramédicales) en supprimant les classes préparatoires privées, souvent onéreuses, et suivies par une proportion importante des étudiants », peut-on lire dans le rapport. Ainsi, « les formations paramédicales de niveau bac + 3 seraient accessibles via l’admission post-bac après sélection sur dossier et entretien individuel ».

Licence, master, doctorat

On revient encore et toujours à cette idée du cursus licence, master, doctorat dont on ne sait toujours pas ce qu’il peut véritablement apporter aux infirmiers sur le plan financier ou professionnel, même s’il est extrêmement riche sur le plan intellectuel au-delà de la licence. « Certains métiers de la rééducation se verraient reconnaître un niveau bac + 5 (grade de master), les deux spécialités infirmières non réingéniérées, infirmiers de bloc opératoire et puériculteurs, sur le modèle des infirmiers anesthésistes, et l’acquisition d’un master de management par les cadres de santé, en maintenant la formation proprement dite à un an et en reconnaissant l’année de faisant fonction comme un M1 par validation de l’expérience. »

L’université, aux manettes

Ainsi, les IFSI risqueraient de perdre tout ou une partie de leur capacité à évaluer et diplômer les étudiants qui suivent leurs cours, comme si l’université était le seul formateur. « Au-delà, la mission propose de simplifier drastiquement le parcours de l’étudiant en l’alignant sur celui des étudiants universitaires. En contrepartie d’un versement direct des droits de scolarité, fixé par arrêté du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, à l’université, les étudiants paramédicaux se verraient inscrits dans le système d’information des universités (Apogée dans 80 % d’entre elles), qui gèrera leur parcours, de l’inscription à la délivrance du diplôme d’État. La mission propose en effet que ce dernier, qui deviendrait un diplôme national de l’enseignement supérieur, soit directement délivré par l’université, en lieu et place du préfet – DRJSCS à l’heure actuelle. L’étudiant se verrait remettre une carte d’étudiant de l’université et aurait accès à l’intégralité des droits qui sont associés : bibliothèque universitaire, activités culturelles et sportives, espace numérique de travail, médecine préventive et droit de vote. »

Tout cela reste au conditionnel et laisse beaucoup de questions à discuter. L’université peut-elle être seule garante de la formation infirmière ? Comment permettre aux IFSI et aux universités de travailler en juste collaboration et en respect mutuel ? Aura-t-on de quoi payer à leur juste valeur des infirmiers, qui auront atteint le niveau du doctorat ? Quels postes leur seraient-ils proposés ? Les structures de soins sont-elles prêtes à intégrer de tels profils professionnels ? Autant de sujets à discuter dans les mois à venir.

* Lire le rapport via le lien raccourci bit.ly/2xUOjkU