Les Français vont bien malgré des inégalités - Objectif Soins & Management n° 257 du 01/06/2017 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 257 du 01/06/2017

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

Santé publique La Drees vient de publier une étude sur l’état de santé de la population en France. Cette nouvelle édition fait le point par population, déterminant et pathologie pour donner une image globale de la santé des Français.

Coordonnée pour la première fois par la nouvelle agence de santé publique (Santé publique France), cette étude accorde une place importante aux données régionales avec l’introduction de cartes et des données supplémentaires et l’ajout de 18 profils régionaux comprenant les caractéristiques démographiques, socio-économiques et sanitaires des nouvelles régions administratives.

Si la santé des Français est globalement bonne, notamment par rapport aux pays de niveau de richesse similaire, cette étude pointe aussi les inégalités sociales et territoriales : des indicateurs de mortalité et de morbidité ont ainsi pu être mis en place pour observer le lien entre santé et présence géographique.

L’espérance de vie des Français, parmi la plus élevée en Europe, est de 85 ans pour les femmes et 78,9 ans pour les hommes, avec une progression d’un à deux ans ces dix dernières années, réduisant également l’écart homme/femme.

Inégalités sociales et géographiques

Malgré ces résultats encourageants pour la santé de Français, l’étude pointe de fortes inégalités ; un homme diplômé et cadre vit en moyenne plus longtemps qu’un homme sans diplôme et ouvrier : l’espérance de vie d’un cadre à 35 ans est ainsi supérieure de 6,4 ans à celle d’un ouvrier. L’écart se creuse davantage si l’on regarde le niveau du diplôme.

Du côté des femmes, l’écart est également présent, mais dans une moindre mesure. « Les classes les plus favorisées économiquement et/ou les plus diplômées bénéficient d’un meilleur état de santé, d’une capacité d’appropriation des messages de prévention plus adéquate et d’un accès au système de santé, notamment de recours aux soins plus adapté », explique le rapport qui cite le terme de “gradient social de santé”. Ces inégalités, déjà présentes dès les premières années de vie, tendent à se cumuler tout au long de la vie. De nombreux déterminants de santé tels que la nutrition, l’activité physique et la consommation de tabac sont échelonnés selon les gradients sociaux : par exemple, chez les jeunes scolarisés en maternelle, le nombre d’enfants qui passent plus d’une heure devant un écran pendant les jours de classe sont de 59 % chez les ouvriers contre 51,8 % chez les employés et 25,4 % chez les cadres.

Plus préoccupantes, les inégalités de recours aux soins, qui contribuent à une plus grande fréquence de problèmes de santé, sont également observées selon les catégories socio-professionnelles. À cet égard, l’étude pointe une disparité géographique évidente entre la France métropolitaine et les départements et régions d’outre-mer, de même qu’il existe une disparité nord-sud sur le territoire métropolitain, l’espérance de vie étant, par exemple, plus élevée dans le sud de la France que dans la région des Hauts-de-France, avec des écarts jusqu’à quatre ans pour les hommes et deux ans pour les femmes.

Ces résultats devraient permettre d’améliorer la prise en charge en renforçant la prévention dans certaines régions et accentuer les efforts sur le concept de parcours de santé que les professionnels du système de santé s’efforcent de promouvoir et de mettre en œuvre.