Être infirmière et devenir médecin - Objectif Soins & Management n° 256 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 256 du 01/05/2017

 

Actualités

Françoise Vlaemÿnck  

Formation Un arrêté, paru en avril dernier, permet aux infirmières diplômées d’État d’intégrer des études médicales en 2e ou de 3e année sans passer le concours par le biais des passerelles entrantes. Une opportunité qui restera cependant difficile à saisir.

Les infirmières diplômés justifiant, au moins, de deux années d’expérience professionnelle, à plein temps et en lien avec leur diplôme, pourront intégrer des études de médecine directement en 2e ou 3e année. La mesure résulte de la Grande Conférence de santé de février 2016, dont l’un des principaux objectifs était de repenser les études médicales et paramédicales ainsi que leur mode de régulation. Dans les mêmes conditions, elles pourront également entreprendre des études d’odontologie, de pharmacie ou de maïeutique. L’arrêté du 24 mars 2017 fixant les règles relatives aux “passerelles entrantes” pour ces cursus est, en effet, paru le 21 avril dernier au Journal officiel. « C’est une très bonne surprise puisqu’au sortir de la Grande Conférence de santé, il était envisagé quatre à cinq ans d’expérience professionnelle avant de postuler dispositif des passerelles », indique Clément Gautier, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Et d’ajouter : « Cependant, nous aurions souhaité que l’accès à ces cursus puisse s’effectuer dans la foulée de l’obtention du diplôme d’État et qu’ainsi la formation soit davantage valorisée. Comme nous regrettons que le texte n’étende pas les passerelles à d’autres formations paramédicales telles, par exemple, les études de kinésithérapie ou d’ergothérapie. »

Forte concurrence

Une bonne nouvelle également pour Arthur Esquer de l’association des étudiants en médecine de Marseille (AEM2). « Cette mesure va contribuer à diversifier le profil des étudiants. Par ailleurs, et comme certains le craignent, elle ne va pas supprimer des places au concours puisqu’il y aura chaque année un numerus clausus complémentaire au niveau national pour chaque filière médicale. » Mais attention, les places seront chères et les postulantes seront en “concurrence” avec d’autres diplômés visés par l’arrêté dont, par exemple, les diplômés européens, suisses et andorrans de niveau master, les détenteurs d’un DEA ou d’un DESS ou encore les anciens élèves de l’une des écoles normales supérieures après deux années d’études et validation d’une première année de master. Ainsi, pour l’année universitaire 2016-2017, on comptait 364 “places passerelles” pour les quatre filières*, mais toutes n’ont pas été affectées. « Les jurys ne sélectionnent que les meilleurs candidats, cette étape reste donc difficile à franchir », note Arthur Esquer. D’autant que chaque jury – il y en a sept regroupant chacun une demi-douzaine de facultés – détermine ses propres critères de sélection et décide, au regard du parcours du candidat et après un entretien, de son affectation en 2e ou 3e année.

LMD ou pas ?

Ce nouvel arrêté, qui abroge les deux précédents pris en 2010, vient donc élargir le dispositif à tout détenteur d’un diplôme d’État d’auxiliaire médical « sanctionnant au moins trois années d’études supérieures ». À noter que cette précision semble écarter les infirmières diplômées avant 2012. « Tel que le texte l’expose, seules les infirmières qui ont effectué leur formation dans le cadre du LMD pourront candidater aux passerelles », estime Martine Sommelette, présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). Un flou que devrait dissiper une circulaire à paraître, en décembre ou janvier, dans le Bulletin officiel de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Enfin, le texte étant paru après le 31 mars, date limite pour déposer un dossier, les candidates devront patienter jusqu’au printemps 2018 pour postuler et espérer enjamber la passerelle universitaire 2018-2019…

* Cursus médical : 245 places ; cursus sage-femme : 18 places.