L’hypothermie sévit aussi en salle de réveil - Objectif Soins & Management n° 239 du 01/10/2015 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 239 du 01/10/2015

 

Actualités

Aveline Marques  

Complications Induit par l’anesthésie, ce phénomène qui n’est pas anodin se poursuit, voire se développe, une fois les portes du bloc passées. C’est ce que révèle une étude observationnelle présentée à la journée des infirmiers anesthésistes de la Sfar, vendredi 18 septembre.

L’hypothermie modérée induite par l’anesthésie est un phénomène fréquent dont les mécanismes et les conséquences sont bien connus : risque infectieux, retard de cicatrisation, saignements, problèmes cardiaques, conséquences pharmacologiques. « Mais dès lors qu’on sort du bloc, on ne sait plus rien à ce sujet, relève Benoît Guillou, infirmier au département d’anesthésie-réanimation de l’hôpital privé Saint-Martin, à Caen (Calvados). La température est peu ou pas mesurée en salle de surveillance post-interventionnelle, pourtant c’est un paramètre vital comme un autre. » Aux côtés des docteurs Jean-Louis Gérard et George Daccache, du CHU de Caen, l’IDE a conduit une étude observationnelle afin de déterminer l’incidence de l’hypothermie et de l’inconfort thermique en salle de surveillance post-interventionnelle. En janvier 2012, la température de 388 patients opérés sous anesthésie générale a été non seulement mesurée à leur arrivée en salle de réveil (T0), mais aussi à 30 minutes (T30) et à leur départ (TD).

34 % des patients

L’hypothermie, définie par une température centrale inférieure à 36 °C*, touchait 28 % des patients à T0. Une situation que semblent favoriser les chirurgies plastiques et urologiques. Fait surprenant, l’étude révèle que l’incidence de l’hypothermie augmente en salle de réveil : elle concerne 34 % des patients à T30, et ce, malgré la présence de deux générateurs d’air chaud pulsé dans chacune des deux salles de surveillance post-interventionnelle où l’étude a été menée et une température ambiante d’environ 23 °C.

Mesure systématique de la température

Ces mauvais résultats sont-ils liés à l’insuffisance de générateurs ? À leur mésusage ? Quoi qu’il en soit, à leur départ, 19 % des patients – soit près d’un sur cinq – présentent encore une hypothermie. Benoît Guillou rappelle à ce sujet que la température ne figure dans aucun des scores qui valident la sortie de salle de surveillance post-interventionnelle.

« Un quart des patients sont arrivés normothermes et sont devenus hypothermes en salle de réveil », pointe l’IDE. Ce dernier plaide pour une mesure systématique de la température tout au long du séjour en salle de surveillance post-interventionnelle, seul moyen de détecter et de corriger cette hypothermie secondaire.

* 36,5 °C chez les patients coronariens.