Sécuriser la prise en charge du patient : généraliser le bracelet d’identification - Objectif Soins & Management n° 203 du 01/02/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 203 du 01/02/2012

 

Qualité, hygiène et gestion des risques

Bernadette Yvon*   Corinne Sliwka**  

PROCÉDURE → En juillet 2009, Direction centrale des soins et activités paramédicales et Direction de la politique médicale de l’AP-HP recommandaient le déploiement du bracelet d’identification du patient comme mesure de sécurisation des soins, tout au long de l’hospitalisation.

Le groupe Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix compte plus de 2 000 lits d’hospitalisation. Ils sont répartis, d’une part, en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) sur le site Pitié-Salpêtrière et, d’autre part, en soins de suite et de réadaptation (SSR) et soins de longue durée (SLD) sur celui de Charles-Foix.

Une cartographie des pratiques professionnelles réalisée début 2011 a démontré que le bracelet était déployé dans l’ensemble des services de chirurgie et dans 50 % de ceux de SSR/SLD.

ÉLABORER UNE PROCÉDURE

Une procédure a été élaborée et soumise à l’approbation de 22 experts médicaux, paramédicaux et administratifs du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix. Cette procédure introduit deux principes.

→ Le principe de sécurité : le bracelet d’identification vise à fiabiliser l’identité du patient lors de sa présence dans les deux établissements hospitaliers.

→ Le principe de droit : droit du patient d’accepter ou de refuser le port de ce bracelet.

Le bracelet doit donc être proposé à chacun des patients accueillis au sein du groupe hospitalier. Le patient est alors libre d’accepter ou de refuser le port dudit bracelet.

Responsabilité

En termes de responsabilités, l’infirmière(1) en soins généraux ou spécialisée, en charge du patient, est responsable de la pose du bracelet d’identification. Elle peut déléguer cet acte à une aide-soignante ou à une auxiliaire de puériculture ou un étudiant en soins infirmiers de deuxième ou troisième année. La délégation implique toujours le contrôle. Néanmoins, d’autres professionnels paramédicaux peuvent être amenés à poser un bracelet d’identification : manipulateurs en électroradiologie, masseurs kinésithérapeutes, sages-femmes, puéricultrices…

Pose du bracelet

La procédure décrit également le mode opératoire de la pose du bracelet, ainsi que la conduite à tenir en cas d’erreur constatée sur les étiquettes du patient, faites lors de son admission.

Cas particuliers

Les différents cas particuliers rencontrés au niveau du groupe hospitalier sont aussi évoqués dans cette procédure : accouchement sous secret, patient admis sans papier d’identité, enfant en néonatologie, hospitalisation secrète, patient de l’Unité sécurisée interhospitalière (UHSI)(2), urgences psychiatriques, patients atteints de maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés …

Traçabilité

Concernant la traçabilité, elle est obligatoire et s’effectue dans le dossier de soins du patient.

On y note la pose (en cas d’admission), le contrôle (en cas de transfert), ou le refus du patient, ainsi que :

→ la date et l’heure,

→ le nom de l’infirmière.

Pour les services disposant d’un dossier de soins informatisé (Actipidos, DxCare…), les éléments relatifs à la pose, au contrôle et refus sont tracés dans les transmissions.

En cas de délégation à un aide-soignant ou à un étudiant en soins infirmiers de deuxième ou troisième année, ce dernier note son nom et sa fonction. L’infirmière qui contrôle s’identifie.

Dans l’hypothèse où le bracelet serait reposé dans un secteur différent du secteur d’hospitalisation du patient, le professionnel note alors la pose, son nom et sa fonction, la date et l’heure du dépot sur un support type fiche de liaison.

Cette procédure sur le bracelet d’identification a été validée par la sous-commission de validation des protocoles de soins de l’établissement.

AFFICHES DE SENSIBILISATION

Deux affiches de sensibilisation ont été créées : la première, Bracelet d’identité, bien vous identifier, c’est votre sécurité, est destinée aux patients et à leur famille, et la seconde, Le bracelet d’identité, il évite les risques d’erreur aux conséquences graves, aux soignants. Elles sont présentées en page suivante.

DÉFINITION DE CRITÈRES D’ÉVALUATION DE LA GÉNÉRALISATION DU BRACELET

Quatre critères d’évaluation ont été définis pour mesurer la démarche. Ils sont les suivants :

→ le patient s’est vu proposer un bracelet d’identification à son arrivée.

Question posée au patient : « Vous a-t-on proposé à votre arrivée de porter un bracelet d’identification ? »

Réponse : oui/non/sans objet.

→ Le patient a accepté le port du bracelet d’identification.

Question au patient : « Avez-vous accepté de porter un bracelet d’identification ? »

Réponse : oui/non/sans objet.

→ Le patient est porteur d’un bracelet d’identification.

Question au patient : « Le portez-vous ? Pouvez-vous me le montrer ? »

Réponse : oui/non.

→ La traçabilité de la pose, du contrôle du bracelet ou de son refus par le patient est faite dans le dossier de soins. Le dossier de soins constitue la source d’information.

Ces critères ont fait l’objet d’une validation par la sous-commission d’évaluation des pratiques des soins.

PHASE DE GÉNÉRALISATION ET PREMIER BILAN

Il s’agit à présent de généraliser le bracelet d’identification du patient à l’ensemble des services composant les onze pôles du groupement hospitalier. Un premier bilan est prévu au cours du premier semestre 2012.

(1) Lire partout infirmier/infirmière.

(2) L’UHSI accueille des patients détenus.

REMERCIEMENTS

Avec la collaboration de Bertrand Arnolin, Andrée Bernard, Françoise Castor, Odile Freytag, Christiane Joncart, Élisabeth Lébeaupin et Catherine Sorin, cadres de santé/ cadres supérieurs de santé, co-rédacteurs de la procédure “bracelet d’identification”.