Des mots sur les maux - Objectif Soins & Management n° 198 du 01/08/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 198 du 01/08/2011

 

Éditorial

Lise Kipman  

Voilà, une année civile se termine, une autre démarre. Et elle risque fort d’être mouvementée. Entre le dés-Ordre, les métiers intermédiaires, le manque de budgets, une psychiatrie en danger (tout comme d’autres services), l’insuffisance de personnels… La même histoire, pensez-vous ? Peut-être. En tous cas, il faudra “bien” travailler, être “rentable”, et soigner, prendre soin de nos malades. Car, oui, ces mots, comme “prendre soin”, “écouter“, “soigner”, disparaissent petit à petit pour laisser la place à d’autres termes comme “rentabilité”, “manque de moyens”, “burn-out”. On ne parle plus du métier mais de la lassitude à l’exercer, en oubliant presque que les premiers desservis sont les malades. Avec le temps et les nombreuses réformes, l’hôpital n’est plus ce qu’il était : l’accueil, le soin, les temps d’écoute et de parole (pour les soignants comme pour les malades) s’éclipsent progressivement au profit des heures, de la durée de travail, du temps de présence, du nombre de cas ou de lits…

Ce glissement de vocable induit déjà une autre manière de penser les soins. Ainsi, on arrive peu à peu, malgré les multiples levées de bouclier, à appliquer des techniques de gestion de la médecine presque industrielles.

Allez, ce ne sont que des mots, me direz-vous ! Certes, mais chaque mot a un sens, et en changeant le vocabulaire dans les lois, on prédispose les personnels concernés à s’y intéresser et à les utiliser. Un autre moyen de changer les mentalités. Ou, du moins, d’essayer…