Une cadre sup’ dans un centre d’alcoologie - Objectif Soins & Management n° 192 du 01/01/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 192 du 01/01/2011

 

VALÉRIE SLONINA

Parcours

Joëlle Maraschin  

Cadre supérieur au centre hospitalier Louis-Sevestre (Indre-et-Loire), seul établissement public de santé spécialisée en alcoologie, Valérie Slonina parle des particularités de ce poste dans un établissement de 140 lits.

Valérie Slonina, qui a travaillé près de vingt ans au CHU de Tours, a découvert il y a près de six ans le CH Louis-Sevestre situé sur la commune de La Membrolle, à quelques kilomètres de Tours. Embauchée dans un premier temps comme cadre de santé en 2004, elle passe très vite un DU d’alcoologie, comme l’ensemble des soignants qui travaillent dans ce centre hospitalier. « La prise en charge de cette pathologie est particulière, basée essentiellement sur la parole et le dialogue », explique-t-elle.

Au CH de Louis-Sevestre, les patients volontaires pour un sevrage sont hospitalisés en moyenne pendant trois mois, le temps de faire un long travail d’acceptation de la maladie mais aussi de mettre en place une conduite durable de changement.

En tant que cadre de santé puis cadre supérieur, Valérie Slonina a toujours beaucoup de contacts avec les personnes hospitalisées dans le centre. « Les cadres représentent pour les patients la direction et la loi. C’est très important pour eux car, à leur arrivée, ils signent tous un contrat thérapeutique », ajoute-t-elle.

Une formation cadre en disponibilité

Née en 1965, Valérie Slonina a passé le concours d’entrée à l’école d’infirmières dès l’obtention de son bac. « À 18 ans, je n’avais pas une vocation particulière pour la profession infirmière. Je souhaitais être professeur de sport mais c’était trop difficile. J’ai alors passé le concours commun de l’époque kiné-infirmière dans l’espoir de devenir kinésithérapeute », se souvient-elle. Reçue au concours infirmière, elle se décide à embrasser cette profession.

Diplômée en 1987, elle travaille tout d’abord dans un centre de rééducation neurologique de la Croix-Rouge, puis en chirurgie pédiatrique et médecine interne au CHU de Tours les deux années suivantes. « Les contacts que j’ai pu tisser avec les patients me plaisaient beaucoup », précise-t-elle. Elle réintègre le CHU pour un poste d’infirmière en médecine interne. À 28 ans, elle souhaite tenter le concours de cadre de santé dans l’idée d’orienter sa carrière vers la formation. « La direction des soins me trouvait trop jeune pour être cadre de santé. Mais, de mon côté, je me sentais prête avec mes six ans de diplôme, je n’avais pas d’enfant et cela me semblait être le bon moment », explique-t-elle. Sans tenir compte de ces réserves, Valérie Slonina se lance dans l’aventure. Elle passe le concours avec succès et n’hésite pas à se mettre en disponibilité, sans rémunération, pour suivre son année à l’IFCS.

Jeune cadre de santé, elle est cependant affectée pendant un an comme infirmière dans le service de réanimation du CHU. « Cela a été une année difficile et stressante. Je pense que je ne suis pas faite pour la réanimation », convient-elle.

De la chirurgie à l’alcoologie

C’est en 1995 qu’elle occupe son premier poste de cadre en chirurgie orthopédique. Elle va rester dans ce service pendant plus de neuf ans. « J’ai beaucoup aimé ce poste de cadre au CHU, c’était une expérience riche et mouvementée. Je me suis investie dans beaucoup de projets et de groupes de travail », précise-t-elle. Mais elle continue de chercher un poste de formatrice en Ifsi, son projet de départ. « J’ai donné des cours, j’ai été sollicitée pour des mémoires et des jurys, mais je n’ai jamais pu trouver un poste comme enseignante à part entière dans un Ifsi de ma région. C’est un grand regret », confie-t-elle.

Après cette expérience en chirurgie orthopédique, elle souhaite découvrir un autre univers. Le CH de Louis-Sevestre recherche au même moment un cadre de santé diplômé. « Tant qu’à changer, j’ai préféré partir dans un domaine complètement différent », souligne-t-elle.

Proximité et transversalité

Nommée cadre supérieur en 2007, elle gère aujourd’hui une équipe soignante d’une trentaine d’infirmières. Elle travaille avec un cadre de santé, qu’elle remplace parfois en cas de congé. De fait, elle peut gérer tout aussi bien les entrées et les sorties, les problèmes quotidiens avec les patients ou encore le planning de l’équipe soignante… comme s’occuper de missions transversales.

Selon elle, son métier de cadre supérieur à Louis-Sevestre est somme toute très différent du métier de ses collègues cadres supérieurs du CHU de Tours. « Nous n’avons pas de directrice des soins dans notre établissement. Je suis de fait très proche de la direction de l’établissement pour tout ce qui concerne la prise de décisions, précise-t-elle. Enfin, c’est principalement moi qui gère les liens avec l’extérieur en matière d’organisation des soins. »

Pour développer plus encore ses compétences, Valérie Slonina s’est décidée à passer un master de l’École supérieure de commerce et de management de Tours. Sa formation, financée par l’Association nationale de formation hospitalière (ANFH), l’occupe quatre à six jours par mois. Elle travaille actuellement sur un mémoire consacré à l’évaluation des personnels. « La formation cadres étant tout de même assez loin, j’avais vraiment besoin de rafraîchir mes connaissances », souligne-t-elle. Grâce à ce master, Valérie Slonina n’exclut pas d’occuper dans quelques années un poste de direction d’un établissement médico-social.

« Quoi qu’il en soit, cette formation m’a vraiment apporté de nouvelles connaissances. Elle m’a aussi permis de rencontrer d’autres professionnels, un partage toujours très fructueux », estime-t-elle.

Estimant avoir beaucoup appris en matière de soins relationnels au contact des patients dépendants de l’alcool, elle ne regrette pas un seul instant son choix. Qui plus est, ce nouveau poste lui a permis de découvrir une organisation forcément très différente de celle d’un CHU. « Le CH de Louis-Sevestre est un établissement de soins de suite et de réadaptation, nous ne sommes pas encore passés à la tarification à l’activité », explique-t-elle.

De fait, les cadres n’ont pas à jongler avec des impératifs d’augmentation de l’activité ou de diminution des durées de séjours. Vu le petit nombre de structures spécialisées dans la prise en charge de la maladie alcoolique, le centre hospitalier accueille des hommes et des femmes de la France entière. Les demandes de prise en charge sont très nombreuses, et le centre est quasi toujours plein.