Précaution contre pression - Objectif Soins & Management n° 186 du 01/05/2010 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 186 du 01/05/2010

 

Éditorial

Catherine Hurtaud  

Une très sérieuse étude australienne* menée dans des CHU de Sydney, a mis en évidence qu’une interruption de l’activité des soignants, et plus spécifiquement des infirmières, augmentaient de 12 % les risques d’erreurs cliniques. La liste des « fausses manip » est impressionnante et fait froid dans le dos. Elles vont de la lecture erronée de l’étiquette à la mauvaise voie d’injection en passant par le choix du patient d’à côté. Selon l’étude, même les infirmiers de longue expérience peuvent se tromper. Mais les erreurs ne sont pas le seul fait de ces derniers. Ainsi, en avril dernier, un jeune médecin réanimateur de Montpellier s’est suicidé après avoir commis une faute lors d’un geste d’anesthésie qui a laissé un bébé handicapé. Depuis, les syndicats de médecins anesthésistes réanimateurs demandent la création d’une cellule de soutien nationale ou interrégionale pour accompagner les soignants qui ont commis une erreur. Dans un contexte où la durée moyenne d’hospitalisation est de plus en plus courte, où il faut faire face à l’accroissement de la technicité des actes, le risque est de voir les faux pas dramatiques augmenter. Ces derniers mois, nous avons pu observer comment les instances qui nous gouvernent savaient manier le principe de précaution avec la vaccination contre la grippe et le maintien au sol des avions. Il est temps de réfléchir à ce qui pourrait être fait pour atténuer les pressions croissantes qui pèsent sur les soignants. Les cellules de soutien, c’est bien, mais elles ne servent que lorsque les catastrophes sont arrivées.

*Arch of Internal Medecin, vo. 170, n° 8, 26 avril 2010.