Haïti amputé - Objectif Soins & Management n° 183 du 01/02/2010 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 183 du 01/02/2010

 

Éditorial

médecine humanitaire ou médecine de guerre ? La frontière entre les deux approches est parfois ténue, à l'instar de ce qui se passe en Haïti depuis le 12 janvier. Handicap international* estime à plus d'un millier le nombre d'amputations pratiquées. De 30 à 100 par jour. Du jamais vu selon l'ONG. Certaines voix de chirurgiens orthopédistes et médecins urgentistes français se sont élevées pour mettre en cause les décisions prises à la va-vite par leurs collègues américains. Qui a tort, qui a raison ? La tendance est forte de comparer les chirurgiens texans à des cow-boys qui utilisent la scie à la place de la carabine. Mais pour sauver une jambe ou un bras, il faut des infrastructures qui permettent de délivrer des soins appropriés. Un expert pour analyser la situation, un peu de temps pour prendre la décision et l'assurance que des soins de qualité éviteront toute infection. C'est une démarche qui s'inscrit sur du long terme. La question est aussi de savoir qui prendra tout cela en charge. Les hôpitaux de Floride ne veulent pas de ces voisins qui ne pourront pas payer leur facture. Les Européens promettent de ne pas laisser tomber et de revenir. En attendant, des prothèses Dynacast® en résine hydrodurcissable sont posées, provisoirement : leur durée de vie est d'environ six mois. Une fabrique de prothèses permanentes doit être installée sur place, dans l'île. Avant d'élever des murs neufs, il faut remettre les hommes debout. Un gigantesque chantier.

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