URGENCES OPHTALMOLOGIQUES TRAUMATIQUES - Ma revue n° 022 du 01/07/2022 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 022 du 01/07/2022

 

JE ME FORME

PRISE EN CHARGE

Claire Manicot*   Dr Marion Ehret**   Pr Claude Speeg-Schatz***  


*chef de clinique
**service ophtalmologie, Centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg (Bas-Rhin)

LA PATHOLOGIE

Les traumatismes oculaires sont responsables d’affections plus ou moins graves, d’une baisse de l’acuité visuelle transitoire, voire la perte définitive d’un œil. Ils constituent des urgences thérapeutiques. Les circonstances de survenue sont extrêmement variées : accidents de travail, domestiques ou de la route, agressions, accidents de tirs (chasse, répression policière), accidents lors de pratiques sportives. On distingue les traumatismes selon leur cause : chimique (projection de produits toxiques), physique (brûlure), mécanique (contusion, perforation).

RAPPELS PHYSIOLOGIQUES

L’œil est un organe fragile qui fonctionne avec un système complexe (muscles oculomoteurs, nerf optique et système lacrymal) permettant la vue (lire l’encadré page ci-contre), et est entouré de plusieurs éléments de protection :

– l’orbite, cavité osseuse dans lequel il est inséré ;

– les cils supérieurs et inférieurs qui forment une barrière contre les corps étrangers (poussière, insectes, etc.) ;

– les paupières, qui constituent une autre barrière de protection en se fermant rapidement (réflexe de clignement) en cas d’exposition à une lumière éblouissante, au vent, à la poussière, etc. Leur membrane interne, la conjonctive, a pour fonction de protéger la surface de l’œil ;

– les larmes, qui humidifient et lubrifient la partie du globe oculaire exposée à l’air. Elles sont produites en continu et de manière plus intensive en présence d’un corps étranger ;

– l’épithélium de la cornée, première couche rencontrée par la lumière, au contact de l’air et du film lacrymal.

En cas de traumatisme, ces différents éléments de protection ne suffisent pas et ce sont toutes les structures oculaires qui peuvent être lésées.

LES TRAUMATISMES CHIMIQUES

AGENTS EN CAUSE

Les brûlures chimiques, dues à la projection de liquides caustiques lors de tâches domestiques ou dans un cadre professionnel, sont des traumatismes fréquents dont la gravité diffère selon que les produits en cause sont basiques (pH > 7) ou acides (pH < 7). En revanche, la gravité est sévère en cas de contact avec un mélange acido-basique.

Les acides

En principe, les acides pour particuliers sont relativement dilués. Ils provoquent des brûlures impressionnantes mais de gravité moyenne à modérée. Les agents très concentrés utilisés dans l’industrie (pH < 2,5) occasionnent, eux, des brûlures sévères :

– l’acide sulfurique, ou vitriol, un composant des batteries automobiles et utilisé dans nombre d’applications industrielles (engrais, textile, etc.) ;

– l’acide fluorhydrique, extrêmement dangereux, surtout utilisé dans l’industrie mais qui entre aussi dans la composition de produits pour déterger ou dégraisser (antirouille, décapant pour four et parquets) et est employé en dentisterie ;

– l’acide chlorhydrique, utilisé par les professionnels mais aussi par les particuliers comme nettoyant (métaux, piscine) ;

– l’acide acétique (vinaigre blanc), un produit certes naturel mais non dénué de risques.

Les bases

Si elles ne sont pas bien éliminées, les bases (soude, potasse, chaux, ammoniaque, eau de Javel) provoquent des brûlures plus graves que les acides car ils ont la particularité de pénétrer dans les tissus sous-jacents, bien après l’exposition.

SYMPTÔMES

Dans la majorité des cas, grâce à une intervention rapide (lavage à grande eau), même si l’œil est très rouge, la brûlure reste superficielle à l’épithélium de la cornée. Mais en l’absence de lavage rapide ou suffisant, notamment lorsqu’un produit basique est en cause, la brûlure est profonde. Les lésions peuvent atteindre le limbe, qui se situe en périphérie de la cornée (où se trouvent les cellules souches limbiques qui permettent la cicatrisation et la transparence cornéenne), l’iris, l’angle iridocornéen, le corps ciliaire et le cristallin, être irréversibles et laisser d’importantes cicatrices sur la cornée.

LES TRAUMATISMES PHYSIQUES

BRÛLURES THERMIQUES

Ces brûlures, qui surviennent dans le cadre domestique (projection de liquides chauds, flammes), restent rares et sont généralement bénignes grâce au réflexe de clignement des paupières. Si elles touchent surtout les sourcils, les cils et les paupières, elles peuvent toutefois provoquer une atteinte de la cornée superficielle (ulcération) ou plus profonde (atteinte du stroma). Les atteintes graves sont observées chez les patients présentant des brûlures cutanées du troisième degré.

BRÛLURES LIÉES AU FROID

Les brûlures oculaires liées au froid surviennent chez les sportifs adeptes des grands froids. Elles se caractérisent par des lésions autour de la fente palpébrale, et peuvent aller de la simple abrasion à la gélation de la cornée.

BRÛLURES LIÉES AUX RADIATIONS

Les brûlures par rayons ultraviolets (UV) résultent d’une exposition non protégée des yeux au soleil, lorsque les rayons sont fortement réfléchis dans le désert, à la mer ou en haute montagne (ophtalmie des neiges), à la soudure à l’arc électrique ou encore aux lampes bronzantes. Elles entraînent une kératite superficielle (érosion de la cornée) et des douleurs oculaires bilatérales à type de brûlures avec larmoiement, photophobie et blépharospasme (fermeture involontaire des paupières) se manifestant plusieurs heures après l’exposition. Les brûlures par rayons infrarouges (observation d’éclipse) restent rares mais peuvent laisser des séquelles irréversibles avec une perte de la vue liée à une atteinte rétinienne.

LES TRAUMATISMES MÉCANIQUES

Les traumatismes oculaires mécaniques font suite à des accidents de travail, des agressions, des accidents de la route, des accidents sportifs ou encore des accidents domestiques.

CONTUSIONS

Les contusions du globe oculaire résultent d’un traumatisme par un objet contondant (qui blesse sans couper) aboutissant à des lésions dites « à globe fermé ». L’onde de choc atteint l’ensemble des structures de l’œil avec un écrasement au point d’impact puis, dans un second temps, un mécanisme d’étirement de l’ensemble des tissus. La sévérité des lésions est corrélée à la vitesse de l’impact et à la taille de l’agent contondant. Par exemple, une balle de golf sera plus dangereuse qu’un ballon qui sera arrêté par le relief orbitaire. Les lésions, de gravité très diverse, peuvent toucher toutes les couches de l’œil.

Au niveau du segment antérieur :

– ulcère, œdème ou plaie de la cornée ;

– hyphéma, qui correspond à une hémorragie de la chambre antérieure ;

– atteinte de l’angle iridocornéen, c’est-à-dire une récession de l’angle ;

– lésions de l’iris (désinsertion, rupture du sphincter ou mydriase) ;

– luxation du cristallin ou cataracte.

Au niveau du segment postérieur :

– lésions du vitré (décollement, hémorragie) ;

– lésions de la rétine (œdème, décollement, déchirure) ;

– rupture de la choroïde.

PLAIES DU GLOBE

Les plaies du globe oculaire, dites « à globe ouvert », sont généralement provoquées par un objet tranchant et résultent d’accidents de travail, sur la voie publique (accident de la route, agression), domestiques (chute, bricolage, jardinage), de jeux collectifs (fléchettes), d’accidents scolaires (crayon, compas, ciseaux) ou de griffures d’animal (griffes de chat). Elles peuvent dans certains cas être secondaires à une contusion. Parmi ces contusions, on distingue :

– la rupture du globe, ou éclatement : la sclère se rompt après un coup puissant avec un objet contondant, comme le tir d’une balle de tennis ;

– la plaie du globe ou lacération : il s’agit d’une lésion de pleine épaisseur de la paroi oculaire par un objet tranchant. S’il y a présence d’une seule plaie, on dit que la plaie est pénétrante. En revanche, s’il y a une porte d’entrée et une porte de sortie, soit une plaie qui traverse le globe de part en part, on parle alors de plaie perforante ou transfixiante ;

– la plaie du globe avec corps étranger intra-oculaire (CEIO).

Les plaies de petites tailles, qui touchent surtout la cornée, éventuellement associées à des lésions de l’iris et du cristallin, seront de meilleur pronostic. Les plaies plus larges, qui affectent le segment postérieur de l’œil avec traumatisme contusif associé ou présence d’un CEIO, présentent un pronostic plus réservé, avec un risque de cécité.

CORPS ÉTRANGERS SUPERFICIELS

On distingue :

– les petits corps étrangers projetés sur l’œil avec une faible énergie qui se fixent sur la conjonctive ou la cornée sans atteinte de la pleine épaisseur. Il s’agit d’éléments très divers : paille métallique, morceau de bois ou de verre qui se fixe le plus souvent sur la cornée et parfois sur la sclère. Ils entraînent une douleur, une rougeur et une photophobie mais il s’agit d’un traumatisme mineur de bon pronostic ;

– les corps étrangers sous-palpébraux : éclats métalliques, de poussière, de maquillage, de graine d’arbre, etc., qui sont logés sous la paupière. Ils vont léser la cornée lors des clignements répétés et provoquent les mêmes symptômes que les corps étrangers cornéens.

PRISE EN CHARGE

SUR LE LIEU DE L’ACCIDENT

Les traumatismes oculaires sont des urgences médicales absolues. L’infirmière qui se trouve sur place doit savoir évaluer la situation très rapidement afin de prodiguer les soins adéquats (voir le tableau 1 p. 20) tout en rassurant le patient.

LE LAVAGE OCULAIRE

Le lavage oculaire est le geste de secours essentiel en cas de brûlure pour limiter les risques de lésion. Quel que soit le produit chimique en cause, il faut laver abondamment l’œil pendant 30 minutes car même après un rinçage intensif, un produit basique peut continuer à pénétrer la cornée. Dans une situation d’urgence, étant donné qu’il peut être difficile de connaître la composition du produit, par sécurité le lavage sera effectué sur une longue durée. On veillera à installer le patient correctement tout en lui demandant de garder les yeux ouverts (seul ou en l’aidant car il est souvent compliqué voire impossible pour la personne blessée de les garder ouverts), et le lavage se fera à grande eau (lire l’encadré « Les soins oculaires » p. 21). Le lavage oculaire se pratique également en cas de présence d’un corps étranger, car il peut l’éliminer.

AUTRES MESURES

• Prévenir les secours afin d’organiser le transfert du patient, si nécessaire, vers un cabinet d’ophtalmologie ou un service d’urgences.

• Interroger la victime et son entourage pour identifier la cause exacte du traumatisme. Indiquer les circonstances : date, heure, type de traumatisme oculaire (nature, origine, puissance). S’il y a lieu, préciser les caractéristiques de l’objet traumatisant (nature, taille, etc.), si le patient est porteur de lunettes ou de lentilles de contact (préciser s’il les porte encore). Préciser si vous pensez à la présence d’un corps étranger. Si un agent chimique est en cause, récupérer, avec toutes les précautions d’usage, le contenant du produit et/ou son étiquette.

• En cas d’exposition aux UV, un pansement permettra de protéger de la lumière. Dans les autres cas, la mise en place d’un pansement est à éviter car l’œil ne doit pas être comprimé. Possibilité de mettre une coque, si à disposition.

• Ne jamais tenter de retirer un corps étranger.

• En dehors du sérum physiologique, ne pas appliquer de pommade ou de collyre sur un œil blessé sans un avis médical préalable.

• En cas de plaies du globe, mettre immédiatement le patient à jeun.

TRAITEMENT

TRAUMATISMES CHIMIQUES

En milieu hospitalier, un nouveau lavage oculaire est généralement pratiqué, jusqu’à ce que les larmes reviennent à un pH neutre (mesure par bandelette) avec vérification des voies lacrymales et éversion des paupières pour éliminer d’éventuelles particules solides incarcérées dans les culs-de-sac conjonctivaux. Le traitement médical, adapté à la gravité des lésions (déterminée par la classification de Roper-Hall), comprend :

– des antibiotiques locaux (tétracyclines) ;

– parfois des corticoïdes locaux, sur prescription de l’ophtalmologiste et après examen à la lampe à fente, pour traiter la réaction inflammatoire ;

– des cycloplégiques pour réduire la douleur ;

– de la vitamine C pour favoriser la cicatrisation de la cornée.

Le traitement chirurgical est indiqué dans les cas sévères pour exciser les tissus nécrosés. En cas de séquelles (sténose des voies lacrymales, ulcération chronique de la cornée, opacification de la cornée), une réparation chirurgicale pourra être envisagée plusieurs mois après l’accident.

TRAUMATISMES PHYSIQUES

Qu’il s’agisse de brûlures thermiques, liées au froid ou aux ultraviolets, le traitement consiste à mettre les yeux au repos avec un pansement occlusif et à appliquer un antibiotique localement ainsi qu’un cicatrisant pour la cornée.

TRAUMATISMES MÉCANIQUES

Les contusions

Le traitement médical ou chirurgical sera adapté à toutes les situations, très diverses.

• Le traitement de l’hyphéma sera la mise au repos avec élévation de la tête du lit à 45 °, l’hydratation et des corticoïdes pour diminuer le risque de nouveau saignement, des cycloplégiques et un collyre hypotonisant en cas d’hypertonie oculaire liée à l’hyphéma ou d’hyphéma important. La chirurgie sera envisagée en deuxième intention en cas de persistance d’un hyphéma volumineux afin de limiter les risques d’hypertonie oculaire et de tatouage permanent de la cornée par le sang.

• En cas d’hémorragie intravitréenne, si la rétine n’est pas décollée, le patient sera mis au repos sous surveillance avec une hydratation abondante, en espérant la résorption spontanée de l’hémorragie. S’il y a décollement de la rétine, une chirurgie sera pratiquée en urgence.

• En cas de lésion du cristallin, un traitement médical pourra être envisagé et éventuellement, une chirurgie de la cataracte dans un second temps.

• Dans tous les cas, la rétine sera surveillée.

Les plaies du globe

Les plaies du globe oculaire sont une urgence chirurgicale. Le patient sera donc hospitalisé, mis sous antibiotiques par voie générale et à jeun, vacciné contre le tétanos si besoin. Un bilan préopératoire sera effectué : biologie et imagerie (tomodensitométrie, échographie). Une IRM peut également être indiquée, sauf si suspicion de corps étranger métallique.

Dans l’immédiat, au bloc opératoire, la plaie sera suturée au niveau de sa porte d’entrée et le corps étranger intra-oculaire extrait. La question de savoir s’il y a un corps étranger n’est pas facile, et le chirurgien recherchera une porte d’entrée. Des examens (radiographie, échographie et scanner sans injection) permettront de le localiser. Le pronostic des plaies du globe pouvant être sévère, d’autant plus en présence de CEIO, un traitement chirurgical des séquelles sera donc généralement prévu ultérieurement.

Les corps étrangers superficiels

Si le corps étranger n’est pas parti spontanément au moment du lavage oculaire, le médecin le retirera en le grattant avec une aiguille ou une fraise de la cornée, ou retournera les paupières du patient pour réaliser l’ablation sous anesthésie locale. Le patient repartira ensuite avec un collyre antibiotique pour une durée de 5 à 7 jours, des collyres et pommades cicatrisants, et parfois un pansement oculaire à laisser en place pendant 48 heures.

Selon le degré de gravité de la lésion, un contrôle ophtalmologique peut être prévu dans les jours qui suivent l’ablation du corps étranger.

PRÉVENTION

Infirmière de santé au travail, à domicile, puéricultrice, scolaire… La prévention fait partie du rôle infirmier et se décline à plusieurs niveaux.

RISQUES CHIMIQUES

INFORMER

De nombreux agents physiques, chimiques, biologiques et oxydants sont en cause dans les brûlures oculaires. Cela va des produits destinés à l’usage domestique (détergents, vernis à ongles, etc.) à ceux réservés au secteur industriel (solvants, peintures, chaux, potasse, etc.). Les produits chimiques disposent d’un étiquetage réglementaire qui mentionne leur danger potentiel et les conséquences sur la santé. Pourtant, les utilisateurs, qu’ils soient professionnels ou simples bricoleurs du dimanche ont tendance à sous-estimer les risques auxquels ils sont exposés. Le rôle des soignants sera par conséquent de sensibiliser le public et, en premier lieu, de s’informer eux-mêmes. En effet, lorsque l’on est infirmière, on n’identifie pas nécessairement la crème Emla ou l’eau oxygénée comme étant dangereuse pour les yeux. La prévention commence donc par une bonne connaissance (voir le tableau 2 page ci-contre).

PRENDRE DES PRÉCAUTIONS

En cas de manipulation ou de présence d’agents dangereux, prendre les précautions suivantes :

– porter des lunettes de protection ;

– porter des gants ;

– ne pas porter ses doigts à la bouche ou se toucher les yeux ;

– agir avec prudence, sans précipitation ;

– écarter les enfants (leur petite taille les expose naturellement aux projections).

MESURES GÉNÉRALES

L’œil est un organe essentiel qui peut être malmené dans la vie courante. Le rôle des professionnels de santé et des infirmières en particulier est donc de sensibiliser les patients aux risques qu’ils encourent, que ce soit dans l’environnement professionnel ou privé.

PORTER DES LUNETTES

Le port de lunettes au soleil, à la mer, à la montagne et dans toutes les situations où les rayons lumineux sont intenses semble évident mais il est tout de même utile de le rappeler aux patients, pour eux-mêmes et leurs enfants. De même, il faut se protéger pour observer une éclipse ou en cas d’utilisation de lampes bronzantes. Des lunettes spécifiques peuvent être utiles pour bricoler, jardiner, et dans toutes les activités exposant les yeux à des traumatismes mécaniques. Un morceau de bois qui vient se ficher dans un œil, c’est vite arrivé !

SENSIBILISER

Un enfant est sensibilisé dès son plus jeune âge aux dangers de la route, sans doute serait-il utile d’attirer son attention sur l’importance de se protéger lui et ses camarades. Les enfants sont en effet exposés à des traumatismes, que ce soit à l’école (crayon, compas) ou encore lors de jeux collectifs (bataille avec des bâtons, jeu de fléchettes). D’une manière générale, c’est une sensibilisation de tous qui est nécessaire, des professionnels de santé également, en commençant, par exemple, par bien maîtriser le lavage oculaire.

RÉFÉRENCES

Fiche d’information, étude

• Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), Fiche d’information « Plantes toxiques en cas de contact avec la peau, la bouche et les yeux », juin 2021. En ligne sur : bit.ly/3z3lcgS

• Anses, « Expositions accidentelles aux produits d’entretien chlorés pour piscines et spas - Étude rétrospective des observations enregistrées par les Centres antipoison et de toxicovigilance français (2010-2019) », juillet 2019. En ligne sur : bit.ly/3sWiUwo

Articles, thèses, ouvrages

• Pr Merle H., « Brûlures oculaires », Collège des ophtalmologistes universitaires de France (Couf), 2021. En ligne sur : bit.ly/3NC3iFU

• Merle H., Mesnard C., « Brûlures oculaires », EMC Ophtalmologie, mars 2020;37 (1):1-21. En ligne sur : bit.ly/3lKLtZs

• Bourges J.-L., Rottier J.-B., « Recensement des urgences ophtalmologiques en France », Urgences en ophtalmologie, éd. Elsevier Masson, 2018, p. 38-40. Sur : bit.ly/3lOGNSd

• Rhabib K., « Guide pratique des urgences en ophtalmologie », thèse pour l’obtention du doctorat de médecine, soutenue le 25 mai 2021, faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech. En ligne sur : bit.ly/3z6xVPJ

• Doubre C., « Les affections oculaires à l’officine : rôle du pharmacien face à la demande du patient », thèse pour le diplôme d’État de docteur en pharmacie, soutenue le 27 novembre 2018, faculté de pharmacie, Aix-Marseille Université. Sur : bit.ly/3lMpC3K

• Bourges J.-L. et al., Urgences en ophtalmologie, Rapport de la Société française d’ophtalmologie, éd. Elsevier Masson, 2018.

• Tuil É., De Nicola R. et al., Ophtalmologie en urgence, éd. Elsevier Masson, 2018.

• Tuil É., Kallel S., « Traumatismes oculaires », La Revue du praticien, décembre 2013;2 (912):853-4. En ligne sur : bit.ly/3z4jxHW

Sites Internet

• www.plantes-risques.info : site gouvernemental sur les végétaux à risque pour la santé.

• https://centres-antipoison.net recense tous les centres antipoison en France.

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DE L’ŒIL

Contenu dans une cavité osseuse (l’orbite), l’œil comprend le globe oculaire, le nerf optique qui le relie au cerveau et des parties annexes. Le globe oculaire est un organe grossièrement sphérique d’un diamètre d’environ 25 mm et de consistance ferme. Il est composé d’un contenant et d’un contenu.

1 LE CONTENANT

Il est formé de trois enveloppes :

– une couche périphérique fibreuse, la sclérotique, constituée en arrière d’une membrane blanchâtre et épaisse, la sclère (le blanc de l’œil) et, en avant, d’une membrane transparente, circulaire et bombée, la cornée, qui, tel un hublot, recouvre la partie antérieure de l’œil devant l’iris et la pupille ;

– une couche vasculaire, la choroïde, qui tapisse la sclère et se prolonge en avant avec le corps ciliaire qui produit l’humeur aqueuse, et l’iris, percé d’un orifice, la pupille, qui s’élargit quand la lumière est faible (mydriase) et rétrécit quand la lumière est forte (myosis). L’angle iridocornéen, délimité par l’iris et la cornée, est un élément essentiel qui permet le drainage de l’humeur aqueuse à travers le trabéculum ;

– une couche interne constituée de cellules nerveuses photosensibles, la rétine, qui capte les rayons lumineux et transmet les informations visuelles au système nerveux central.

2 LE CONTENU

L’œil est constitué de milieux transparents qui laissent passer les rayons lumineux jusqu’à la rétine :

– le cristallin, grosse lentille biconvexe, solide, qui permet l’accommodation ;

– l’humeur aqueuse, liquide, qui a une fonction nourricière et assure l’équilibre de la pression intra-oculaire. Située en avant du cristallin, elle passe de la chambre postérieure, en arrière de l’iris, à la chambre antérieure, en avant de l’iris, au travers de la pupille. Produite en continu par le corps ciliaire, elle est évacuée au niveau de l’angle iridocornéen ;

– le corps vitré, visqueux, à l’arrière du cristallin.

3 LES DIFFÉRENTES PARTIES

• Le globe oculaire est classiquement partagé en deux parties :

– le segment antérieur qui comprend la cornée, l’iris, l’angle iridocornéen, le cristallin et le corps ciliaire ;

– le segment postérieur qui comprend la sclère, la choroïde, la rétine et le corps vitré.

• Les parties annexes sont :

– les muscles (quatre droits et deux obliques) qui amarrent le globe aux parois de l’orbiteet assurent la mobilité de l’œil ;

– les paupières, recouvertes d’une membrane transparente, la conjonctive, qui protègent la partie antérieure du globe oculaire ;

– le système lacrymal, constitué de deux lobes sécréteurs et deux voies lacrymales excrétant le liquide lacrymal jusque dans les fosses nasales.

• Les voies optiques permettent la transmission des signaux lumineux perçus par la rétine au cerveau. Les deux nerfs optiques partent de la pupille, se dirigent en arrière, traversent les orbites et se réunissent au niveau du chiasma pour ensuite atteindre le cerveau.

Différents types de lésions

Lentilles de contact : prévenir le risque infectieux

Si le port de lentilles s’est banalisé, les personnes qui en sont porteuses ont rarement conscience des risques infectieux auxquelles elles sont exposées : conjonctivite, abcès de la cornée, kératite bactérienne voire perte d’un œil. Voici les consignes à rappeler :

→ respecter la durée du port de ses lentilles de contact (mensuelle, bimensuelle, journalière) ;

→ les retirer pour dormir (hors lentilles spécifiques à port continu) ;

→ changer d’étui régulièrement, de préférence à chaque renouvellement du flacon d’entretien ;

→ utiliser un flacon d’entretien adapté au type des lentilles ;

→ respecter des précautions d’hygiène strictes lors de la pose et du retrait (lavage des mains avant manipulation) ;

→ ne pas se doucher avec ses lentilles, ne pas les porter à la piscine car l’eau contient des amibes qui pourraient être responsables d’infections oculaires graves, jusqu’à la perte d’un œil ;

→ ne pas porter ses lentilles de contactdans des lieux à forte chaleur ou dans des endroits où l’air est extrêmement sec ou poussiéreux (chantier, par exemple).

En libéral

Je cote à la nomenclature

• Pansement oculaire : AMI 2.

• Instillation de gouttes ophtalmiques pendant les 15 premiers jours de traitement : AMI 1 par jour. Au-delà de 15 jours de traitement, le soin peut être facturé mais ne sera pas remboursé.

LES SOINS OCULAIRES

1 LE LAVAGE OCULAIRE : AGIR VITE ET BIEN

Principe : c’est le traitement d’urgence primordial en cas de brûlure chimique à réaliser le plus rapidement possible. Il permet d’éliminer les restes éventuels de produit caustique dans l’œil et de limiter la gravité des lésions.

Porteur de lentilles : si les lentilles peuvent être enlevées facilement, les retirer avant d’effectuer le lavage oculaire.

Installation du patient : en situation d’urgence, il n’est pas toujours facile d’installer le patient pour un lavage efficace. Faire pencher la tête au-dessus d’un lavabo ne suffit pas. Installer le patient dans un fauteuil, la tête penchée en arrière, ou bien faites-le s’allonger sur le sol.

Lavage :

– idéalement, instiller doucement, via une tubulure, 500 ml de sérum physiologique, sinon, verser doucement le contenu d’une bouteille d’eau minérale ou de l’eau du robinet ;

– rincer abondamment (des pipettes de 10 ml de sérum physiologique ne sont pas suffisantes) ;

– demander au patient de maintenir les paupières ouvertes. Si cela lui est difficile en raison d’un réflexe incoercible, pour les infirmières qui savent faire, il est possible de retourner la paupière de sorte à éliminer les restes de produit caustique qui pourraient stagner au niveau des culs-de-sac conjonctivaux ;

– poursuivre le lavage longuement, pendant 20-30 minutes.

Contrôle du pH : si vous avez des bandelettes pour mesurer le pH à disposition, utilisez-les et arrêtez le lavage une fois le pH des larmes redevenu neutre.

2 COLLYRE, MODE D’EMPLOI*

Le collyre est la forme galénique principale utilisée pour le traitement des affections oculaires. Si l’instillation d’un collyre paraît très simple, un rappel est nécessaire pour réaliser cet acte correctement, dans les règles de l’art.

Ouverture du collyre :

– vérifier si le nom et le dosage correspondent à la prescription ;

– vérifier la date de péremption ;

– noter la date d’ouverture sur la boîte.

Instillation :

– faire asseoir le patient face à vous ;

– se laver les mains ;

– agiter le flacon, l’ouvrir, poser le bouchon sur le côté, sur une surface propre ;

– veiller à ne pas toucher l’embout en manipulant le flacon ;

– appuyer avec l’index en dessous de la paupière inférieure pour l’éverser et découvrir la conjonctive ;

– demander au patient de garder la tête bien droite et de regarder vers le haut ;

– déposer une goutte sur le rebord intérieur de la paupière, sans que l’embout ne le touche ;

– relâcher la paupière et demander au patient de fermer l’œil.

* Rédigé avec le Dr Jean-Louis Bourges.