LA COTATION EN PRATIQUE - Ma revue n° 020 du 01/05/2022 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 020 du 01/05/2022

 

J’EXERCE EN LIBÉRAL

NOMENCLATURE

Corinne van Bree  

Infirmière titulaire d’un DU Plaies et cicatrisation, formatrice en DPC pour Idel

Qui ne s’est pas tiré les cheveux face à la NGAP ? Qui n’a pas tremblé face à un indu ? Pas toujours facile de s’y retrouver dans une réglementation toujours plus complexe. L’Infirmièr.e vous initie aux subtilités de la cotation des actes.

Ce mois-ci, penchons-nous sur l’article 5 bis du chapitre 2 de la NGAP : « Prise en charge à domicile d’un patient insulinotraité » qui prévoit :

- surveillance et observation d’un patient diabétique insulinotraité dont l’état nécessite une adaptation régulière des doses d’insuline en fonction des indications de la prescription médicale et du résultat du contrôle extemporané, y compris la tenue d’une fiche de surveillance, par séance : AMI ou AMX 1 ;

- injection sous-cutanée d’insuline : AMI ou AMX 1 ;

- séance hebdomadaire de surveillance clinique et de prévention, d’une durée d’une demi-heure, pour un patient insulinotraité de plus de 75 ans : AMI ou AMX 4 ;

- pansement lourd et complexe pour un patient diabétique insulinotraité, nécessitant une détersion avec défibrination : AMI ou AMX 4 ;

- analgésie topique préalable à un pansement. L’acte comprend : la dépose du pansement, l’application du produit d’analgésie et la mise en attente. L’analgésie préalable à un pansement, dans la limite de huit par épisode de cicatrisation (défini par des soins de plaie et la délivrance de pansement continus, sans intervalle supérieur à deux mois), renouvelable une fois au plus par épisode de cicatrisation : AMI ou AMX 1,1.

Ces actes peuvent se cumuler entre eux sans application de l’article 11 B des dispositions générales de la NGAP.

EN PRATIQUE

Monsieur L., 91 ans, vous contacte. Son médecin traitant (MT) lui a rédigé l’ordonnance suivante : « Réaliser par Idel tous les jours pendant six mois : surveillance glycémique 3 fois/j, insuline rapide à adapter selon le protocole ci-joint 3 fois/j, insuline lente le soir. »

Comment allez-vous coter (hors majorations et déplacements) ?

Matin et midi : AMI (1 + 1) (surveillance et observation + injection d’insuline rapide).

Soir : AMI (1 + 1 + 1) (surveillance et observation + injections d’insuline rapide + insuline lente).

Les coefficients AMI sont entre parenthèses : les actes de l’article 5 bis sont nommés la « bulle du diabète » ou le « bloc ». Tout se cumule à taux plein !

Si vous réalisez un prélèvement sanguin (PSG), vous coterez : AMI (1 + 1) + AMI 1,5 car les PSG sont cumulables avec les autres actes AMI, à taux plein.

En accord avec le MT, une séance hebdomadaire de surveillance clinique et de prévention est mise en place le mardi. Vous cotez donc AMI (1 + 1 + 4) (surveillance et observation + injection d’insuline rapide + séance hebdomadaire).

Le patient a un mal perforant plantaire au pied gauche nécessitant une détersion et une défibrination. Son médecin lui rédige une ordonnance.

Le premier jour, à midi, vous réalisez un bilan de plaie sans ordonnance supplémentaire : AMI 11 + AMI (1 + 1)/2. Le bilan ne fait pas partie de l’article 5 bis, on applique donc l’article 11 B sur le coefficient le moins élevé.

Les jours suivants : AMI (1 + 1 + 1 + 4) + MCI, cotation du pansement lourd et complexe.

Mardi : AMI (1 + 1 + 4 + 4) + MCI.

Après quelques semaines, la plaie ne nécessitant plus de détersion, vous cotez : AMI (1 + 1) + AMI 2/2 (pansement simple de l’article 2 du chapitre 1 de la NGAP, donc application de l’article 11 B).

M. L. doit recevoir une injection de Victoza tous les soirs.

Vous cotez AMI (1 + 1 + 1) + AMI 1/2. Le Victoza n’étant pas une insuline mais une incrétine, son injection est un soin courant (article 1 du chapitre 1).

Administration du traitement 3 fois/j au patient qui présente des troubles cognitifs. Nouvelle ordonnance. Vous réaliserez une demande d’accord préalable (DAP) à partir du deuxième mois*.

Matin et midi : AMI (1 + 1) + AMI 1,2/2.

Soir : AMI (1 + 1 + 1) + AMI 1,2/2. L’injection de Victoza, en tant que troisième acte, n’est pas cotable.

L’état de monsieur L. se dégrade. Son médecin traitant prescrit un BSI. Nous évoquerons dans un prochain numéro les cumuls avec les forfaits et les séances.

* Voir L’Infirmièr.e n° 18, mars 2022.