RENONCER À GUÉRIR UNE PLAIE - Ma revue n° 017 du 01/02/2022 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 017 du 01/02/2022

 

FIN DE VIE

JE DÉCRYPTE

COLLOQUE

Marie-Capucine Diss  

En novembre, à l’occasion des dix ans des Journées Aquitaine cicatrisation(1), Sophie Dujardin, gériatre à la clinique de la Victoire de Tourcoing, a souligné l’importance de prendre en compte le concept de plaie de stade dépassé.

Il peut arriver que des équipes cherchent à tout prix à guérir une plaie en ayant recours aux traitements de référence, sans prendre en compte l’état du patient, sa volonté, ses antécédents ou ses comorbidités. Pour le moment, les éléments scientifiques manquent pour évaluer les chances de guérison d’une plaie. Mais certains cas ne pourront évoluer vers une guérison. C’est le cas de l’escarre de fin de vie, de l’ulcère artériel non revascularisable, de la plaie tumorale, de la plaie avec exposition tendineuse et de la plaie avec exposition du matériel prothétique.

DÉMARCHE CONCERTÉE

Une réflexion pluridisciplinaire, menée à partir d’un diagnostic complet des pathologies du patient et prenant en compte l’impact du traitement envisagé sur son confort et sa qualité de vie, permet de faire le bon choix au bon moment. « Cela peut être délicat à aborder avec certaines équipes, a témoigné Sophie Dujardin. Cela nécessite de l’empathie et une capacité à communiquer pour amener les soignants à prendre cette décision et l’amener ensuite au patient. On va par exemple dire : “Ce patient doit être revascularisé, on doit faire un pontage.” Mais ce patient peut-il marcher ? Est-il grabataire ? Cela vaut-il la peine de revasculariser si par ailleurs il a une maladie incurable ? Peut-on amener une personne à se faire amputer alors que son espérance de vie est grevée par d’autres pathologies ? »

La gériatre a insisté sur la nécessité de tenir une ligne de conduite « radicale », en assumant ses choix sans se laisser tenter par un retour en arrière, par exemple s’il a été décidé de ne pas procéder à une amputation. La prise en charge palliative permet d’accompagner le patient en veillant à sa qualité de vie, en recherchant et en prévenant les complications liées à l’état de sa plaie. Sophie Dujardin a égale ment rappelé l’importance d’entretenir une relation concertée entre la ville et l’hôpital : « Il y a trop de fois où l’on abandonne le patient et les soignants qui le gèrent à domicile ».

RÉFÉRENCE

1. Les Journées Aquitaine cicatrisation se sont déroulées le 18 novembre 2021, à Bordeaux www.lesjac.fr