UNE PETITE RÉVOLUTION DANS LA NOTION DE « FAIRE ÉQUIPE » - Ma revue n° 015 du 01/12/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 015 du 01/12/2021

 

CRISE SANITAIRE

JE DÉCRYPTE

ÉVÉNEMENT

L. M.  

Lors du Salon infirmier, une équipe pluridisciplinaire du Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard de Lyon a fait le déplacement pour témoigner sur les changements induits par la crise sanitaire sur le travail en équipe.

La crise sanitaire a représenté un réel défi pour la mise en place du travail d’équipe dans les établissements de soins. L’avantage, c’est que « plus personne ne savait quoi que ce soit, nous étions face à l’inconnu, ce qui a encouragé le dialogue et les échanges », a rappelé Christelle Galvez, directrice des soins du centre. Les équipes ont « resserré les rangs », travaillé sur des temps de briefing et de débriefing pour analyser la situation et transmettre les informations aux équipes, toutes moti vées par le même objectif. « Nous avons laissé de côté les intérêts individuels pour nous battre ensemble contre la Covid », a complété le Dr Philippe Zrounba, chirurgien. Et d’ajouter : « L’usage de la visio conférence a été bénéfique car derrière l’écran, nous étions dans une situation plus égalitaire avec une prise de parole plus organisée et des personnes qui osaient davantage s’exprimer. Nous avons ainsi pu assister au pouvoir de l’intelligence collective. » Si à Léon Bérard, « la gestion de crise a été immédiate, a confirmé Érik Rodriguez, infirmier anesthésiste au sein de la structure, ça n’a pas été le cas dans de nombreux autres établissements. Les soignants ont eu l’impression que la réponse qu’on leur apportait était incomplète. Et lorsqu’on se sent en difficulté face aux patients, la souffrance est terrible et certains choisissent – et je ne suis pas certain que ce soit réellement un choix – la fuite. »

DE L’IMPORTANCE DE LA FORMATION

Pour parvenir au mieux à travailler en équipe, la formation est nécessaire. Elle permet de comprendre la temporalité et la culture de chacun des corps de métier. Les paramédicaux vont davantage être dans l’immédiateté, contrairement aux médecins qui raisonnent à plus long terme, et aux administratifs qui se projettent sur une période lointaine. « À ce jour, seuls 16 % des chefs de service sont formés au management, c’est une catastrophe, a déploré le Dr Thierry Godeau, président de la Conférence nationale des présidents de Commissions médicales d’établissements. La formation à la conduite de projet, à la gestion des conflits est indispensable, c’est du temps de gagné pour l’avenir. » Christelle Galvez confirme ne pas avoir été formée au travail d’équipe. Toutefois, « c’est aussi l’absence de connaissance de soi qui empêche le travail avec les autres, a-t-elle soutenu. Quand on se connaît, on peut exprimer nos difficultés. »