Elle disait à qui venait de perdre un être cher : « Cherche la paix dans tes souvenirs. » Aujourd’hui, elle regrette de ne pas avoir compris la douleur que les condoléances peuvent entraîner. Car, aujourd’hui, quand elle se plonge dans ses souvenirs, l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, qui vit aux Étas-Unis, souffre. Son père est mort de la Covid-19, en juin 2020. Et les condoléances, elle les fuit. Pourtant, elle a décidé de partager des souvenirs avec son père. Non pas pour raconter leur vie mais pour décrypter le chagrin, le deuil, la souffrance, la colère, le lien d’une famille éclatée dans la diaspora. Notes sur le chagrin se présente comme un journal de bord d’une autrice qui décortique ses émotions, alors qu’elle a perdu tout repère. Elle rassemble des anecdotes, retrouve des lettres, discute avec son frère, évoque la culture et la langue igbos, celles de son peuple du sud du Nigeria, que son père a sans cesse cherché à transmettre, sans pour autant cautionner toutes les traditions. Et donne à lire un ouvrage sur l’amour, plus encore que sur la perte. Si la Covid-19 a emporté le père de Chimamanda Ngozi Adichie, elle ne pourra emporter ses délicates et touchantes Notes sur le chagrin.

Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie, éditions Gallimard, 112 pages, 9,90 €.