171 MILLIONS D’EUROS POUR LA FIN DE VIE - Ma revue n° 014 du 01/11/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 014 du 01/11/2021

 

PLAN SOINS PALLIATIFS

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Adrien Renaud  

Olivier Véran a présenté, fin septembre, le plan national de développement des soins palliatifs, qui prévoit notamment de créer des Unités de soins palliatifs (USP) dans tous les départements qui n’en sont toujours pas pourvus.

D’habitude, quand on parle de fin de vie dans les médias, on parle d’euthanasie ou de suicide assisté. Mais avec ce plan, on veut vraiment parler de soins. » Tel est le souhait du Dr Olivier Mermet, généraliste et ancien président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), qui co-pilote ce cinquième plan national de développement des soins palliatifs et d’accompagnement de la fin de vie pour 2021-2024 présenté par le ministre de la Santé le 22 septembre dernier. Parler de soins plutôt que de mort, voilà qui ne peut que satisfaire les infirmières, et cela tombe bien : bien qu’aucune mesure du nouveau plan ne cible spécifiquement la profession, celle-ci est au cœur des dispositions envisagées. Concrètement, le plan est doté d’un financement de 171 millions d’euros jusqu’en 2024 et s’oriente selon trois axes : une meilleure connaissance du sujet au sein de la population, un accent mis sur la formation et la recherche et, enfin, le développement de l’offre. Compte tenu des besoins du secteur, c’est ce dernier point qui attire le plus les regards. « Les situations palliatives sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus complexes, souligne Olivier Mermet. Les équipes dédiées existent, mais il y a certains territoires où il faut les renforcer, et d’autres où il va falloir les créer. » D’où la promesse-phare du plan, qui vise à ce que chaque département dispose à terme d’une USP, alors que 27 en sont actuellement dépourvus.

DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION

Mais qui dit renforcement de l’offre dit renforcement des compétences des professionnels. « L’infirmière est le pivot de la prise en charge du patient en soins palliatifs, c’est elle qui fait le lien avec les autres soignants et il y a maintenant un module dédié dans leur formation, note Valérie Amouroux-Gorsse, cadre de santé grenobloise active au sein de la Sfap sur les questions infirmières. Mais c’est tout récent, et les soignants aujourd’hui en activité doivent eux aussi pouvoir se former. » Tout l’enjeu du plan, selon elle, sera de permettre aux professionnels de santé d’accéder à l’offre de formation existante, et notamment aux diplômes universitaires, diplômes interuniversitaires et autres congrès sur la question. Valérie Amouroux-Gorsse souligne notamment que les infirmières libérales, dont le rôle est capital pour les soins palliatifs à domicile, doivent pouvoir accéder à ces formations, ce qui suppose de les soutenir pour qu’elles puissent dégager du temps à cet effet.

Il y a cependant une question qui intéresse particulièrement les infirmières, et qui fait figure de grande absente du plan : celle de la création d’Infirmières en pratique avancée (IPA) spécialisées en soins palliatifs, avec une mention dédiée. « On aimerait les voir se développer, mais le ministère attendant la remise d’un rapport sur les autres mentions des IPA, on ne pouvait pas annoncer cette nouvelle mention dans le cadre du plan », explique le Dr Olivier Mermet. Nul doute que les développements à venir sur le sujet seront scrutés avec attention par la profession.

Et les ratios de personnel ?

La question du nombre de soignants par patient se trouve, elle aussi, à l’agenda du nouveau plan. Rappelons qu’une circulaire de 2008 fixe des ratios (non contraignants), notamment 2,5 équivalents temps plein (ETP) médecin et 9 ETP infirmier pour une USP de 10 lits, ou encore 1,5 ETP médecin et 2 ETP infirmier pour une équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) ayant une file active de 200 nouveaux patients par an. « Ces chiffres constituaient un idéal à atteindre plutôt qu’une norme, précise Olivier Mermet. Le plan doit justement réévaluer cette circulaire en se fondant sur les retours des équipes, pour en faire, cette fois-ci, plutôt un minimum nécessaire. »