“LA CRISE SANITAIRE S’ENRACINE ET LES ‘VIEUX’ NE SONT TOUJOURS PAS PRIORITAIRES” - Ma revue n° 013 du 01/10/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 013 du 01/10/2021

 

ÉDITO

Hélène Trappo  

Rédactrice en chef de L’INFIRMIÈR.E

Quand le Covid sera derrière nous, je crains qu’on oublie les vieux », énonçait le sociologue Michel Billé dans un entretien au Monde(1). La crise sanitaire s’enracine et “les vieux” ne sont toujours pas prioritaires. C’est en tout cas ce que nous renvoie l’abandon, après moult reports, de la loi « Grand âge et autonomie », tant attendue par les acteurs du secteur. Ce devait être une réforme en profondeur pour répondre aux multiples diffi cultés et aux grands enjeux de l’accompagnement du grand âge, à domicile comme en institution. Et c’était une promesse formulée par le président Emmanuel Macron lors d’une visite à l’Ehpad de Bracieux, en septembre 2020, d’apporter « une réponse globale extraordinairement ambitieuse ».

On était tenté d’y croire. En effet, dès les débuts du quinquennat, une dynamique a bien été enclenchée avec la grande concertation portée par Dominique Libault, la production de rapports, comme celui de Myriam El Khomri sur la revalorisation des conditions d’exercice des professionnels, ou encore celui de Denis Piveteau et Jacques Wolfrom, se penchant sur un nouveau modèle d’habitat inclusif pour éviter l’isolement à domicile. Ce n’est pas forcé ment un signe, dirons-nous, car combien de rapports tombent aux oubliettes ? Toutefois, le contexte est fortement incitatif. La pandémie, qui a durement touché les personnes âgées, a mis en pleine lumière les maux dont souffre le secteur, large ment médiatisés. Mais le soufflé est retombé… Sans doute le calendrier désormais très serré à l’appro che des élections présidentielles ne permet-il plus de faire aboutir cette grande réforme. En lieu et place, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, a confirmé des « mesures fortes » dans le cadre du PLFSS. Des mesures, donc, mais pas de réponse globale obligeant à une remise en cause sous tous les angles, éthique, médical, social et sociétal, entre autres.

Ces mesures seront-elles à même de répondre à l’urgence d’une situation qui ne fait que s’aggraver, s’agissant en particulier du manque de bras à domicile comme en Ehpad. L’Una (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles), lors d’une récente table ronde, pointait la nécessité, au-delà des revalorisations de salaires, de trouver d’autres leviers afin de restaurer l’attractivité de ce secteur d’activité.

La politique budgétaire, à l’approche des échéances électorales, sera-t-elle généreuse pour “nos vieux”, comme elle a pu l’être depuis l’ère du « quoi qu’il en coûte » ?

En attendant, les infirmières libérales sont confrontées à une poli tique restrictive de la part de l’Assurance maladie qui, face à un dépassement de 120 millions d’euros lié à la mise en œuvre du BSI, annonce des mesures correctrices. Une position qui a conduit la FNI à adresser une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour demander plus de moyens pour les personnes âgées(2). On y croit ?

1. Publié le 2 août 2020 sur www.lemonde.fr

2. Lire l’article « La FNI réclame plus de moyens pour les personnes âgées à Emmanuel Macron » sur espaceinfirmier.fr, le 21/09.