« Ou peut-être une nuit ». C’est le titre d’un podcast bouleversant sur l’inceste. Ces mots ont été choisis avec soin. Ils ont été empruntés à la chanteuse Barbara qui racontait dans L’aigle noir un rêve étrange. Nous le savons désormais, cette rêverie que portait loin la voix de l’artiste racontait un viol, celui qu’elle a subi, enfant, par son père. Ces quelques mots présentent ainsi la nuit, cet espace-temps flou fait de silences lourds, de silhouettes menaçantes, de gestes oppressants, de transgressions violentes.
Ces nuits qu’habitent les secrets destructeurs de vies brisées. Il y a encore dans ces mots autre chose. L’hésitation, le doute, l’oubli. Combien sont-elles ces victimes de parents incestueux qui se sont demandées si elles n’étaient pas folles, si elles n’avaient pas inventé tout ça, si, « peut-être », tout ça n’avait pas eu lieu. Le podcast « Ou peut-être une nuit », de la journaliste Charlotte Pudlowski, décrypte la fabrication d’un système qui instaure ce silence qui isole les victimes et leurs traumatismes. « Qu’est-ce qu’elle charrie, la parole sur l’inceste, pour que tout le monde veuille l’étouffer, l’ignorer », se demande l’enquêtrice dont la famille a porté de tels drames. Des témoignages bouleversants, des interventions de spécialistes qui tentent de répondre, des créations musicales et un travail sonore formidables dessinent le trouble, le vertige, l’angoisse. Fascinant.
Podcast « Ou peut-être une nuit », de Charlotte Pudlowski. Sur https://louiemedia.com/