UNE ÉQUIPE MOBILE ET MOBILISÉE

D’ordinaire, les actions hors les murs des infirmières du service des maladies infectieuses du CHU de Rennes ont rarement lieu plus d’une fois par mois. Et jamais pour se rendre dans l’un des 120 Ehpad du département. Or, depuis quelques semaines, crise sanitaire oblige, cinq d’entre elles arpentent les routes d’Ille-et-Vilaine à la rencontre des équipes des Ehpad. « Dès mi-mars, les appels des Ehpad au centre 15 n’ont cessé d’augmenter face aux inquiétudes portées par l’épidémie de Covid. Nous nous sommes ainsi aperçus que certaines structures étaient vraiment isolées. Entre celles qui voulaient savoir la conduite à tenir en cas de suspicion de Covid, celles à qui il fallait rappeler les protocoles d’hygiène et celles qui avaient besoin de réassurance, il était urgent d’apporter une réponse de terrain », rembobine Cécilia Cofais, médecin gériatre du CHU.

Un suivi sur-mesure

La réponse arrive dès le 18 mars, date à laquelle le CHU rennais décide de mettre en place une unité mobile de prélèvement Covid. Se déplaçant à tour de rôle et en binôme IDE/étudiant en médecine, cette unité agit sur demande de l’établissement ou du Samu, souvent après une première évaluation téléphonique par un médecin du service de gériatrie. S’il s’agit surtout d’effectuer des prélèvements PCR et d’éviter le déplacement des résidents au CHU, les soignants de l’unité ont aussi pour mission d’informer le personnel des Ehpad à la prise en charge spécifique des résidents atteints ou suspects de Covid. « Chaque visite est prétexte à s’assurer que les consignes sont bien respectées et que le personnel connaît la conduite à tenir en cas de soupçon de coronavirus », relate Stéphanie Cocault, l’une des IDE du dispositif. La présence de l’étudiant en 5e année de médecine permet d’évaluer l’état du patient et le niveau de soins requis selon la gravité de l’infection. « L’idée est d’avoir un relais médical sur place. En étant nos yeux et nos oreilles pour ces patients, l’unité mobile nous permet d’être proactifs dans notre accompagnement », constate Cécilia Cofais.

Après l’intervention de l’équipe mo bile, le suivi se poursuit avec les mé decins gériatres par le biais de la hotline gériatrique ou d’une téléconsultation, toutes deux assurées par le service de médecine gériatrique.

« Éviter la catastrophe »

Deux mois après sa création, l’unité mobile a déjà réalisé près de 300 prélèvements dans 16 Ehpad du département, dont cinq avec plus de 10 cas infectés. La ligne dédiée a, quant à elle, reçu plus de 300 appels. Un premier bilan qui s’accompagne de retours très positifs de la part des Ehpad. « Les visites de nos soignants ont été très appréciées, voire très attendues au plus fort de la crise. Je suis convaincue que notre réactivité leur a permis d’éviter une catastrophe sanitaire », résume la gériatre.

Au-delà d’avoir pu offrir des solutions concrètes, le dispositif a permis de renforcer les collaborations entre les établissements de santé accueillant des personnes âgées et les hospitaliers. Une situation inédite, qui réjouit Cécilia Cofais : « D’habitude, nous avons très peu de contact avec les directeurs d’Ehpad. Depuis la crise, nous nous connaissons mieux. Ils savent qu’ils peuvent nous appeler pour des conseils. »

L’unité mobile, de son côté, est beaucoup moins sollicitée, même si elle reste mobilisée au moins jusque fin mai. « On nous a déjà demandé si nous accepterions de faire des dépistages de cluster en cas de nouvelle vague », indique Stéphanie Cocault, toujours volontaire pour repartir en visite extérieure. Et de conclure : « Je considère que le propre du devoir de l’IDE est de s’avoir s’adapter aux situations de crise. En participant à cette unité mobile, j’ai l’impression d’apporter ma pierre à l’édifice. »