DAN GREY INFIRMIER À L’UTN DU CHU DE MONTPELLIER (34) - L'Infirmière Magazine n° 414 du 01/04/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 414 du 01/04/2020

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

LAURE MARTIN  

Pour gagner une expertise en techniques nutritionnelles, je me suis formé sur le terrain, en autodidacte et en lisant des études

Une fois le baccalauréat en poche, je me suis orienté vers des études de biologie à la faculté de sciences de Montpellier, raconte Dan Grey, 27 ans. Après les deux premières années d’études, j’ai voulu me rapprocher du côté pratique, pour être au contact des patients, ce qui me manquait en biologie. » Il intègre l’Ifsi en 2013 et débute sa carrière au service de médecine interne du CHU de Montpellier. « J’ai alors rencontré l’infirmière qui occupait le poste à l’unité transversale de nutrition (UTN) et lorsqu’elle l’a libéré, j’ai postulé comme d’autres infirmiers, raconte-t-il. Je n’avais rien de ce qui était demandé, ni les trois années d’expérience, ni de formation en nutrition, mais j’ai mis en avant le côté recherche que j’avais acquis durant mes études de biologie, ma capacité à la lecture d’articles scientifiques et ma motivation. » Les médecins et les cadres de santé le sélectionnent en 2017 justement parce qu’ils souhaitent apporter ce côté « recherche » à l’UTN.

→ Accompagner les équipes. Aujourd’hui, Dan Grey consacre 20 % de son temps professionnel à l’UTN et les 80 % restants au service de réanimation cardiologique. C’est tous les jeudis qu’il est libéré de son service pour l’UTN, où il exerce avec deux médecins nutritionnistes, un interne, et trois diététiciens qui sont, eux, à temps plein. L’unité, transversale à l’ensemble des services, n’a donc pas de lits dédiés. Le rôle de l’équipe en est d’autant plus diversifié. « Nous nous déplaçons à la demande des services, pour des patients qui n’ont pas été hospitalisés pour un problème de nutrition mais qui en présentent un, résume Dan Grey. Nous allons donc intervenir pour donner notre avis sur la prise en charge. » Le médecin cherche notamment si une pathologie peut expliquer la dénutrition. Il décide, avec le diététicien, d’une prise en charge pour la renutrition et du choix de produits. « Mon rôle est de déterminer la solution technique, rapporte Dan Grey. Vaut-il mieux privilégier la sonde naso-gastrique, la gastrostomie ou la jéjunostomie ? » L’infirmier assure ensuite le lien avec l’équipe du service qui n’est pas forcément “habituée” à l’utilisation de ce type de dispositifs médicaux.

C’est d’ailleurs une autre casquette de l’UTN : mettre en place des formations pour les soignants des autres services. « À la suite des avis cliniques qui nous sont demandés, nous observons les difficultés des services et leurs besoins, indique Dan Grey. Nous formons alors les équipes médicales et paramédicales, par service, en fonction de leur problématique. » L’UTN met également en place des protocoles de dépistage et de prise en charge de la dénutrition. « Le fait d’être une unité transversale permet de faire du lien entre tous les services et toutes nos fonctions », estime Dan Grey. L’équipe intervient aussi en Ifsi et en institut de formation des aidessoignants, ainsi qu’auprès des externes et internes en médecine.

→ Se former pour mieux conseiller. En nutrition, il n’existe pas vraiment de formation spécifique technique pour les infirmiers. Les diplômes universitaires sont dédiés à la diététique. « J’ai décidé de me former avec l’équipe de l’UTN à la nutrition en général, explique Dan Grey. Pour les techniques nutritionnelles, afin de gagner une expertise, je me suis formé sur le terrain, en autodidacte et en lisant des études pour apporter une plus-value dans l’application technique de la nutrition avec l’installation, les modalités, les matériaux ou encore les débits. » Dan Grey utilise les financements de sa formation pour participer à des congrès sur la nutrition afin « de me tenir au courant des nouveautés dans le domaine. Les rencontres avec les laboratoires pharmaceutiques me permettent aussi de voir les nouveaux matériels et ainsi ne pas être dérouté lorsqu’ils arrivent dans le service. J’ai de cette manière une vision globale pour conseiller au mieux les équipes. »

MOMENTS CLÉS

2011 : débute ses études de biologie à la faculté des sciences de l’université de Montpellier.

2013 : obtient le concours de l’Ifsi de Montpellier.

2016 : obtient son diplôme d’État d’infirmier, puis intègre le service de médecine interne du CHU de Montpellier.

2017 : devient l’infirmier de l’UTN du CHU de Montpellier et travaille en parallèle au service de réanimation cardiologique.