La prise en charge spécifique de la douleur - L'Infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

A.-G. M.  

Les patients atteints d’un cancer bronchique sont fréquemment hospitalisés pour des douleurs qui s’aggravent. Dans ce cas, une prise en charge spécifique peut leur être proposée.

Lorsqu’un patient se plaint de douleurs au service de pneumologie du CHU de Lyon-Sud, les équipes commencent par l’interroger afin d’en savoir plus sur la nature de cette douleur : quels sont les facteurs déclenchants, quelle est son intensité, qu’est-ce qui la soulage le mieux et quelles sont ses conséquences sur l’activité fonctionnelle, l’alimentation, la vie sociale ou encore le moral du patient ? Les infirmières et les médecins évaluent la douleur à l’aide d’une échelle numérique, qui va de 0 à 10. Parfois, si le patient éprouve des difficultés pour s’exprimer, s’il a du mal à définir sa douleur ou s’il ne parle pas français par exemple, les soignants peuvent utiliser une échelle visuelle analogique.

Adapter les traitements

Ensuite, les soignants réalisent une imagerie afin d’identifier la cause de la douleur. Le scanner peut être utilisé, de même que la scintigraphie osseuse pour les douleurs des os, ou encore le TEP-scanner. Lorsque la cause est identifiée, l’équipe soignante réévalue les traitements et essaie de les modifier et de les adapter s’ils se révèlent inefficaces pour la prise en charge de la douleur. Ils utilisent une palette de médicaments comme le paracétamol, toutes les molécules de la classe des morphiniques, ou encore des médicaments de la classe des anti-inflammatoires comme les corticoïdes et les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Pour les douleurs osseuses, ce sont les biphosphonates qui peuvent être utilisés.

Lorsque les patients sont hospitalisés, les médecins peuvent essayer de modifier les médicaments pour la douleur, en effectuant éventuellement une rotation des morphiniques : ils changent la molécule sans forcément changer les doses. Ils peuvent aussi intensifier le traitement en modifiant le rythme d’administration, ce qui peut réduire les douleurs. Les douleurs les plus fréquentes sont liées à la présence de métastases os seuses. Pour les traiter, l’équipe utilise volontiers les morphiniques, les anti-inflammatoires et le paracétamol, ce qui permet fréquemment d’améliorer le bien-être du patient. En cas de douleurs osseuses, la radiothérapie à visée antalgique peut aussi être utilisée.

Prise en charge paramédicale

La prise en charge de la douleur est également paramédicale. Les infirmières retransmettent aux médecins quelle est la douleur du patient, par exemple le soir, à la toilette, ou lorsqu’elles réalisent un soin. Les médecins communiquent beaucoup à propos de la douleur avec les infirmières et les aides-soignantes. « Elles ont une façon d’appréhender la douleur plus précise que la nôtre, car elles rencontrent le patient plus fréquemment, en particulier lors des soins. Le côté pluridisciplinaire est très important car les IDE et aides-soignantes sont proches des soins du corps », souligne le Dr Émilie Perrot, praticienne hospitalière, spécialiste en soins palliatifs dans le service de pneumologie du CHU de Lyon-Sud. « Le personnel de nuit nous fait fréquemment remonter des informations sur les accès de douleur des patients qui sont souvent très importants le soir ou la nuit », observe-t-elle.

Formation en hypnose et en massages

Au CHU de Lyon-Sud, il existe une équipe de soins palliatifs, à laquelle les soignants peuvent faire appel en cas d’échec de la prise en charge, en particulier en cas de douleurs très réfractaires. Enfin, dans le service de pneumologie de Lyon-Sud, des infirmières se forment actuellement en hypnose. Elles peuvent être présentes au moment d’une pose de sonde nasogastrique par exemple et utiliser l’hypnose pour diminuer la douleur liée au soin. Des aides-soignantes sont également formées à la réalisation de massages, qui peuvent aider à la prise en charge de la douleur, en particulier chez des patients très tendus et stressés à cause de la douleur.