FABRICE BECHET INFIRMIER PERFUSIONNISTE AU CHRU DE STRASBOURG (67) - L'Infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

LISETTE GRIES  

“Ce qui me plaît d’abord, c’est l’aspect intellectuel du métier d’IDE perfusionniste : il y a beaucoup d’occasions où la réflexion est nécessaire.”

Je ne ressens pas l’envie de changer de poste, même si cela fait plus de vingt ans que je suis au même endroit… Qu’est-ce que je pourrais trouver de plus intéressant ? » s’interroge Fabrice Bechet, qui travaille au sein d’une équipe de sept IDE perfusionnistes au bloc de chirurgie cardiaque du CHRU de Strasbourg. « Ce qui me plaît d’abord, c’est l’aspect intellectuel : il y a beaucoup d’occasions où la réflexion est nécessaire, que ce soit au moment de poser une CEC, d’adapter un processus, d’imaginer des protocoles… », ajoute-t-il.

Dans son établissement, l’équipe de perfusion dispose d’une large autonomie. « Le principe, c’est que chacun sache tout faire : la CEC au bloc adulte et pédiatrique, l’assistance circulatoire, la chirurgie hépatique, la transplantation d’organe, la pose d’Ecmo (Extracorporal membrane oxygenation, en anglais), mais aussi toute la partie plus technique, comme la construction des circuits, les échanges avec les industriels pour les commandes de matériel, la gestion des stocks, la maintenance des machines, les relations avec les ingénieurs biomédicaux et les services d’hygiène », détaille-t-il.

→ Montée en compétence. À cela s’ajoutent petit à petit d’autres fonctions transversales, comme la formation des manipulateurs radio qui font passer des scanners à des personnes sous Ecmo, afin qu’ils sachent où injecter le produit de contraste. « Nous avons aussi rédigé des protocoles pour les IDE de réanimation, afin qu’elles comprennent mieux le fonctionnement des Ecmo et puissent en assurer la surveillance. Auparavant, nous étions très souvent appelés la nuit. Désormais, avec ces protocoles validés par la réanimation-anesthésie, la chirurgie et les cadres, et présentés à tous les agents, les soignants ont gagné en autonomie », remarque-t-il.

Et puis, à force de travailler et d’échanger avec des collègues d’autres centres de CEC, Fabrice Bechet a aussi développé une forme d’expertise sur le matériel utilisé, et nourrit sa réflexion en permanence. « Nous testons les circuits, nous choisissons le type et la qualité de PVC, l’épaisseur des tubulures. Nous discutons aussi avec les chirurgiens du matériel qu’ils souhaitent utiliser, puis nous assurons la commande et la gestion des stocks », précise-t-il.

→ Communautaire et solitaire en même temps. Si le relationnel avec les patients est relativement rare, la communication avec les autres soignants est permanente. « Ces relations entre professionnels sont au coeur du métier. Au quotidien, nous échangeons avec les Ibode sur l’intervention et sur le matériel à garder à portée de main, et avec les Iade sur l’hémodynamique et sur les bilans gazométriques », note Fabrice Bechet.

Il est primordial aussi de savoir communiquer avec les chirurgiens et les anesthésistes, de savoir demander des explications ou d’oser dire que quelque chose ne va pas. « Tout le monde travaille au même objectif, mais les trois communautés professionnelles restent distinctes », fait-il remarquer. Chacun a sa cafétéria et sa dynamique. « C’est une vie à la fois communautaire et assez solitaire… »

Ce fonctionnement ne favorise pas toujours la bonne connaissance des fonctions de chacun. « Rares sont ceux qui savent que ce sont nous qui allons en réanimation débrancher les patients sous assistance circulatoire : on reste avec la famille jusqu’au décès, avec un rôle qui n’est pas très agréable », regrette-t-il.

Passionnant, son travail n’en est pas moins prenant. Les journées de travail se poursuivent régulièrement par des astreintes, de journée et de nuit. « J’enseigne aussi dans les écoles d’Iade et d’Ibode », glisse Fabrice Bechet. Mais la satisfaction de contribuer à une prise en charge collective de qualité est un puissant moteur. « J’espère parvenir à rester curieux et ouvert jusqu’à la fin de ma carrière », souhaite-t-il. Les choses semblent plutôt bien parties…

MOMENTS CLÉS

1990 : de infirmier à Colmar (68), puis service militaire à l’hôpital militaire de Colmar.

1991 : il intègre les soins intensifs de cardiologie du CHU de strasbourg (67).

1994 : il passe un an en salle de coronarographie à strasbourg.

1995 : il travaille en réanimation chirurgicale et en salle de réveil.

1999 : un poste de perfusionniste se libère au sein de l’hôpital : il l’occupe depuis.

2001 : DU de CEC à l’université de bordeaux.