LES TROUBLES SOCIAUX AFFECTENT LA SANTÉ MENTALE - L'Infirmière Magazine n° 412 du 01/02/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 412 du 01/02/2020

 

HONG KONG

ACTUALITÉS

AILLEURS

HÉLOÏSE RAMBERT  

Du fait des manifestations, la prévalence des symptômes de dépression et de stress post-traumatique semble en forte hausse à Hong Kong. Ce sont les conclusions d’une étude parue dans « The Lancet ».

Hong Kong traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession en

1997, avec des manifestations souvent empreintes de violences. Et la santé mentale des habitants en pâtit. Des chercheurs de l’université de Hong Kong ont publié une étude dans The Lancet, menée auprès de 18 000 personnes majeures entre 2009 et 2019. Les participants ont été soumis à des questionnaires réguliers au cours de la décennie écoulée. Ces résultats déclaratifs montrent une explosion du nombre de personnes présentant des signes de dépression ou de stress post-traumatique (PTSD). En 2019, 11 % des adultes présentaient des symptômes de dépression, alors qu’ils n’étaient que 2 % avant le « mouvement des parapluies »(1) - et 6,5 % en 2017. Les syndromes de stress post-traumatique semblent aussi avoir atteint un pic avec les derniers événements politiques. Le nombre de personnes présentant des symptômes a été multiplié par six par rapport à la période suivant le « mouvement des parapluies » (32 % des personnes interrogées entre septembre et novembre 2019 contre 5 % en 2015). Au final, c’est un Hongkongais adulte sur cinq qui déclarait souffrir de dépression ou de PTSD présumé. Des taux comparables à ceux observés dans les catastrophes, les conflits armés ou les attaques terroristes. La participation aux rassemblements de masse, et donc l’exposition directe à des conflits violents, était associée à un plus grand risque de PTSD. Mais, plus surprenant, l’utilisation massive des réseaux sociaux, outils de planification des manifestations, était aussi fortement corrélée à une mauvaise santé mentale. Malgré leurs difficultés, moins de la moitié des personnes touchées avaient l’intention de se tourner vers des professionnels. Au premier rang des raisons de cette réticence : les préoccupations relatives à la protection de la vie privée et de la confidentialité soignant-patient.

1 - Série de manifestations survenues à Hong Kong en septembre et octobre 2014.