DES PISTES POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE - L'Infirmière Magazine n° 412 du 01/02/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 412 du 01/02/2020

 

DOULEURS CHRONIQUES

ACTUALITÉS

FOCUS

MARIE-CAROLINE DISS  

La SFETD(1) a publié un guide de bonnes pratiques des structures douleurs chroniques. Dressant un état des lieux des thérapeutiques actuelles et des recommandations pour leur usage, cet ouvrage aborde aussi la question du parcours du patient douloureux.

Phénomène bio-psycho-social, la douleur exige une prise en charge pluriprofessionnelle, s’appuyant sur une évaluation multidimensionnelle. Le guide(2) de la SFETD, publié à l’occasion du dernier congrès annuel de la société savante en novembre, dresse un état des lieux des traitements médicamenteux utilisés dans les structures douleurs et émet des recommandations pour éviter leur mésusage.

Les thérapies complémentaires et les thérapeutiques innovantes, comme la SMTr (stimulation magnétique transcrânienne répétée) ou l’antalgie intrathécale, sont également abordées dans le rapport. Le niveau de preuve ou le consensus dont chaque thérapeutique fait l’objet y sont mentionnés. Le guide de la SFETD rappelle l’importance de « développer des études ciblées pour améliorer le nombre et la qualité des données disponibles » sur ces ressources thérapeutiques.

Limiter l’attente et former les médecins

Le président de la SFETD, Frédéric Aubrun, du département d’anesthésie réanimation douleur, aux Hospices civils de Lyon, souligne la nécessité de réduire l’errance diagnostique et thérapeutique des patients douloureux. Première solution envisagée : la mise en place de coupe-files pour les patients devant avoir un accès rapide à une consultation spécialisée. « Quand les délais de consultation sont de trois, voire six mois ou plus, c’est insupportable, argumente le Pr Aubrun. Comment peut-on imaginer que l’on puisse tenir le coup et attendre autant ? » Les difficultés de prise en charge des patients douloureux par les médecins généralistes font aussi partie des préoccupations de la SFETD. La présence de médecins de première ligne, experts en douleur, répartis dans toute la France, pourrait être une solution adéquate. De concert avec la DGOS, la DGS et la HAS, la société savante travaille sur un projet de formation spécifique. « Il s’agirait de former en amont les médecins généralistes, de faire en sorte que certains d’entre eux aient une expertise douleur suffisante pour prendre en charge un certain nombre de patients. Ce suivi pourrait se réaliser d’ailleurs dans le cadre d’unités territoriales pluriprofessionnelles spécialisées autour de la douleur. »

Les patients nécessitant une prise en charge plus complexe seraient adressés vers les structures spécialisées adéquates. Pour prendre en compte le manque de disponibilité des généralistes, cette formation se ferait en e-learning. La SFETD envisage la mise en place d’une plate-forme d’échanges sur son site ainsi que celle d’une hotline, à condition de disposer des moyens financiers adéquats.

La société savante a enfin proposé à la DGOS un projet d’annuaire national et actualisé des structures spécialisées, proposant des thérapies innovantes dans le domaine de la douleur. Cet annuaire pourrait être mis à disposition des acteurs de santé. « Notre objectif, résume Frédéric Aubrun, est d’identifier les centres spécialisés, de proposer aux patients des stratégies thérapeutiques innovantes, appliquées par des structures peu nombreuses en France mais qui doivent être mieux identifiées pour bénéficier d’un adressage plus efficient des patients. »

1 - Société française d’étude et de lutte contre la douleur.

2 - Structures douleurs chroniques en France (SDC), Guide de bonnes pratiques, dirigé par le Pr Frédéric Aubrun, novembre 2019. Plus d’informations sur : bit.ly/2FwlCze

SANTÉ PUBLIQUE

La douleur, préoccupation nationale ?

La douleur chronique concerne près de 20 % des Français et est le premier motif de consultation aux urgences, comme chez le généraliste. Elle est aussi un des premiers postes budgétaires en santé publique. Et pourtant, le dernier programme de lutte nationale contre la douleur remonte à 2010. Un premier plan avait été mené de 1998 à 2000. Deux autres programmes lui avaient succédé. Le dernier, fini en 2010, portait sur le renforcement du rôle IDE et l’amélioration de l’accès du patient souffrant de douleurs rebelles à des structures spécialisées. Un programme d’action, prévu pour 2013 et à la rédaction duquel avait participé la SFETD, n’avait pas vu le jour. La parution du guide de la société savante s’accompagne donc de la volonté de « faire de la douleur une priorité de santé publique, comme le souligne son président. Nous allons faire en sorte que le gouvernement remette un coup de projecteur sur la douleur. Elle ne doit pas être mise sous le tapis. »