Actilyse : mode d’emploi - L'Infirmière Magazine n° 410 du 01/12/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 410 du 01/12/2019

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

Traitement thrombolytique de l’AVC à la phase aiguë, l’actilyse est administré par voie intraveineuse par une IDE spécialement formée pour cela, sous la responsabilité d’un neurologue ou d’un médecin titulaire du DIU de pathologie neurovasculaire.

LE PRODUIT

• Principe actif : l’altéplase, activateur tissulaire recombinant du plasminogène (rt-PA).

• Mode d’action : cette glycoprotéine est activée après liaison à la fibrine et induit alors la conversion du plasminogène et plasmine, entraînant la dissolution du caillot.

• Conditionnement : flacon de poudre accompagné d’un flacon d’eau pour préparation injectable à reconstituer. Il existe trois dosages :

• 10 mg d’altéplase avec 10 mL d’eau ppi

• 20 mg d’altéplase avec 20 mL d’eau ppi (+ canule de transfert)

• 50 mg d’altéplase avec 50 mL d’eau ppi (+ canule de transfert).

Il se conserve à l’abri de la lumière. Ne pas mélanger avec d’autres produits.

• Conservation et stabilité :

• Flacon non ouvert : température ambiante (< 25 °C) à l’abri de la lumière

• Solution reconstituée : vingt-quatre heures au frigo (2-8 °C)

INDICATIONS

C’est le traitement thrombolytique de l’AVC à la phase aiguë chez les patients : de plus de 18 ans ; ayant un NIHSS entre 4 et 25 ; dans les quatre heures trente qui suivent le début des symptômes.

CONTRE-INDICATIONS

• Contre-indications spécifiques :

– déficit neurologique en voie de régression ;

– AVC jugé sévère cliniquement (NIHSS > 25) et/ou par imagerie (zone d’ischémie très étendue) ;

– crise convulsive au début de l’AVC ;

– glycémie 0,5 g/l ou > 4 g/l ;

– antécédent d’AVC + diabète ;

– hypertension artérielle sévère non contrôlée (pression artérielle systolique > 185 mmHg ou pression artérielle diastolique > 110 mmHg).

• Contre-indications générales :

– hypersensibilité à la substance active altéplase, à la gentamicine ou à l’un de ses excipients.

– grossesse ou post-partum ;

– traitement anticoagulant oral : antivitamines K si INR > 7, NACO au cas par cas en fonction de l’hémostase ;

– nombre de plaquettes < 100 000/mm3 ;

– et tous les antécédents associés à un risque hémorragique élevé : hémorragie intra-crânienne, infarctus cérébral/AIT de moins de six mois, intervention chirurgicale ou geste invasif (ponction lombaire, ponction artérielle) très récents, accouchement récent…

ADMINISTRATION

• Dilution : 1 mg/ml

• Posologie : 0,9 mg/kg sans dépasser la dose maximale de 90 mg (voir tableau ci-dessus).

• Préparation :

• pour les flacons de 20 ou 50 mg, enfoncer d’abord la canule de transfert dans le flacon contenant la ppi puis positionner le flacon de produit audessus et enfoncer l’autre extrémité ;

• pour l’emballage de 10 mg, transférer la solution ppi dans le flacon contenant le principe actif au moyen d’une seringue (non fournie) ;

– dissoudre avec précaution, ne pas agiter vigoureusement (la préparation reconstituée doit être limpide, incolore ou jaune pâle) ;

– prélever la quantité nécessaire.

• Administration : 10 % en bolus sur une minute et 90 % en pousse seringue électrique sur une heure. Actilyse ne doit pas être mélangé à d’autres médicaments et doit être perfusé sur une voie veineuse unique.

SURVEILLANCE

L’infirmière effectuera une surveillance étroite, pour s’assurer de la bonne tolérance du traitement et de l’absence de complications, notamment le risque hémorragique :

– toutes les quinze minutes pendant la perfusion et durant les deux heures suivantes,

– toutes les trente minutes durant les six heures après la perfusion, – puis toutes les heures jusqu’à vingtquatre heures après.

• Pression artérielle : elle est vérifiée à chaque bras lors de la première mesure pour vérifier l’absence d’asymétrie (signe d’une dissection de l’aorte). En cas d’hypertension (PAS > 180 mmHg ou PAD > 110 mmHg), il y a risque de remaniement hémorragique de l’AVC, et nécessité de traiter avec un antihypertenseur. La survenue d’une hypotension détecte une mauvaise perfusion cérébrale.

• Monitoring cardiaque : la surveillance de l’ECG permet surtout de mettre en évidence une des causes de l’AVC, la fibrillation atriale.

• Saturation en oxygène pour détecter la survenue d’une détresse respiratoire

• Température pour détecter une infection (hyperthermie) ou des signes neurologiques sévères (hypothermie).

• Glycémie pour corriger une hypoglycémie chez le diabétique avec du G5 %. Une hyperglycémie évoquera le remaniement hémorragique de l’AVC.

• Observation clinique : repérer les saignements, les extrémités froides, les marbrures (risque hémorragique) et surveiller l’aspect du visage pour repérer un éventuel angio-œdème orofacial (risque -rare- d’accident allergique à l’Actilyse).

• Surveillance neurologique : symétrie et réactivité des pupilles, réponse aux ordres, observation de l’évolution de l’AVC (motricité, sensibilité, trouble phasique, dysarthrie), via la grille de cotation NIHSS.