QUI PAIERA POUR LA DÉPENDANCE ? - L'Infirmière Magazine n° 404 du 01/05/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 404 du 01/05/2019

 

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VÉRONIQUE HUNSINGER  

Le gouvernement engagera en fin d’année une vaste réforme du financement de la perte d’autonomie des personnes âgées. Un rapport remis à la ministre esquisse quelques pistes.

Après le projet de loi sur la transformation du système de santé et la réforme des retraites, ce sera le troisième gros chantier de la ministre de la Santé. « La dépendance est un sujet sur lequel les gouvernements précédents ont reculé depuis dix ans, a confié Agnès Buzyn lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). Nous sommes maintenant au pied du mur car, notamment grâce aux progrès de la médecine, la part de la population des plus de 85 ans va être multipliée par trois d’ici 2050. »

Pour financer et organiser la prise en charge de la dépendance d’une partie de ces cinq millions de personnes, le rapport remis à la ministre par Dominique Libault esquisse 175 propositions et chiffre le besoin de financements supplémentaires à 9,2 milliards d’euros par an. Où les trouver ? Le gouvernement a d’ores et déjà écarté la piste de l’assurance privée. « Ma préférence est celle d’une prise en charge à travers la protection sociale, tranche Agnès Buzyn. Pour autant, il me semble difficile de créer un impôt supplémentaire. »

Partant du constat que l’espérance de vie, y compris l’espérance de vie en bonne santé, ne cesse d’augmenter, la ministre ne voit pas « d’autres choix que de travailler un peu plus ». Cette piste ne fait cependant pas consensus. En revanche, le gouvernement semble très intéressé par l’idée de prolonger la CRDS, la contribution à la réduction de la dette sociale, une fois le trou de la Sécu rebouché, ce qui devrait arriver d’ici 2024. Le rapport propose aussi de supprimer l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), versée par les départements, pour lui substituer une « prestation autonomie », couvrant les dépenses de soins et de dépendances en Ehpad.

Les IPA mobilisées ?

Agnès Buzyn semble aussi séduite par l’idée d’un « bouclier autonomie » permettant de plafonner les dépendances des familles. Une proposition qui plaît à la Fédération hospitalière de France (FHF), qui souligne qu’il « faut plafonner le reste à charge aux ressources des personnes âgées », estimant que « demain, personne ne doit se voir facturer plus qu’il ne peut payer avec ses revenus ». La fédération juge aussi qu’« un signal clair sur les renforcement des moyens humains dans les établissements comme dans les service est très fortement attendu par les professionnels, mais aussi par l’ensemble de la population, qui a pleinement conscience de la pénurie des moyens ».

De même, la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne) insiste sur le fait que « l’attractivité des métiers du grand âge doit être repensée pour permettre de donner au secteur créateur d’emplois des professionnels formés et motivés par leur métier ».

Le rapport Libault n’oublie pas la profession infirmière dans ses 175 propositions et invite par exemple à « mobiliser les infirmières en pratique avancée pour le suivi médical des personnes âgées à domicile ou en établissement » et, de manière générale, à « adapter le périmètre des compétences des personnels infirmiers ». Il salue également le dispositif d’astreinte d’IDE de nuit dans les Ehpad.

Pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées qui le souhaitent, il préconise enfin que les Ssiad « soient fortement recentrés sur les actes techniques nécessitant une compétence infirmière ». On devra savoir à l’automne quelles sont les pistes que le gouvernement aura décidé de retenir.

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