Le poster, mode d’emploi - L'Infirmière Magazine n° 400 du 01/01/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 400 du 01/01/2019

 

FORMATION

COMMUNICATION

CATHERINE AUGUSTYNIAK*   VALÉRIE BERGER**  

La communication par affiche, ou poster, est l’un des moyens de faire connaître ses travaux et bonnes pratiques dans un souci de partage. Les étapes de la réalisation.

La diffusion des résultats d’une recherche fait partie intégrante de celle-ci. Il est important pour un chercheur de s’assurer du transfert des connaissances issues de ses travaux. De même, des innovations, de nouvelles pratiques de soins doivent être rendues visibles afin que la profession puisse réfléchir à d’autres types de prises en charge. Il s’agit donc de montrer l’utilité de ces différentes recherches auprès d’un public averti et de rendre les résultats disponibles pour tous. Pour ce faire, plusieurs possibilités sont à la portée des infirmières : l’article destiné à la publication dans des revues spécialisées ou professionnelles (lire p. 53), mais aussi la communication orale ou par affiche, que l’on trouvera essentiellement dans les congrès ou colloques. C’est la communication par affiche, plus communément nommée poster, qui nous intéresse ici. Cet article a pour objectif de présenter les préalables à sa création, les enjeux d’un poster puis de définir la structure et les règles de présentation auxquelles il obéit.

Règles préalables

Avant de pouvoir afficher un poster lors d’un congrès, des règles élémentaires appelées « recommandations aux auteurs » doivent être respectées.

→ Une sélection des sujets présentés, et cela quelle que soit leur forme, est réalisée par un comité scientifique pour les organisateurs eux-mêmes. Pour cela, le résumé du sujet est demandé reprenant le format « introduction, méthode, résultats et discussion » (IMRD). Si le sujet est retenu, les organisateurs informent l’auteur et déterminent le type de présentation souhaitée : poster, présentation orale, table ronde.

→ Dans le cas d’un poster, les organisateurs donnent l’ensemble des précisions techniques nécessaires : taille de l’affiche et de la police de caractères. Par la suite, le poster réalisé est envoyé aux organisateurs en format A4 pour relecture.

→ Si son contenu est validé, l’impression du poster au format souhaité est réalisée. Il est affiché la veille ou le matin même de l’ouverture du congrès à l’emplacement réservé.

Enjeux d’une communication par poster

Le poster, anglicisme pour parler de « communication affichée », est un schéma présenté dans un grand format afin d’être vu et lu par le plus grand nombre de personnes participant à un congrès. Il a pour but de susciter l’intérêt et de favoriser les échanges avec l’auteur. Il permet aux congressistes d’étudier le contenu de l’étude, d’en évaluer son utilité et sa reproductibilité. L’important est de capter l’attention et de communiquer un message clair, lisible et compréhensible par tous.

Structure d’un poster

Le poster est le rapporteur fidèle d’une étude, d’un projet dans son intégralité. Il inclut donc des énoncés clairs, synthétiques et reprend les principaux éléments de l’étude. Son plan est au format IMRD.

→ Le contenu d’une affiche(1)

• Titre : il se place dans la partie supérieure de l’affiche et précise le nom des auteurs et de l’établissement auxquels ils sont rattachés.

• Introduction : elle fait le point sur le problème de recherche dans le contexte empirique et théorique. Les hypothèses ou questions de recherche sont énoncées.

• Méthode : elle décrit l’échantillon, les instruments de mesure, et explique la méthodologie de la recherche (étude prospective, cas-témoins…).

• Résultats : ils sont présentés dans des tableaux, des figures.

• Discussion : elle englobe l’analyse des résultats et les conclusions de l’étude. Elle met en rapport les hypothèses ou questions de recherche avec les principaux résultats.

Syntaxe et graphisme

Le poster doit être lisible par tous et attractif.

→ La lisibilité reste un critère important en termes de taille de polices : cette « affiche » doit pouvoir être lue aisément à environ deux mètres, ce qui suppose une hauteur de caractères de 1,5 cm minimum. Éviter les polices comme Times, Baskerville et privilégier celles sans empâtement comme Arial, Univers, Verdana ou Helvetica. Le titre devra être lisible à cinq mètres et écrit en minuscules, les capitales étant plus difficiles à déchiffrer.

→ La lecture est aussi facilitée par une mise en page bien structurée, guidant le lecteur : on peut se servir de balises graphiques (flèches, bandeaux horizontaux ou verticaux, etc.), numéroter chaque partie ou opter pour des fonds de couleur. Attention au choix de ces dernières : privilégier les couleurs neutres et en nombre limité. Il convient aussi de ne pas utiliser un fond saturé ou trop complexe, risquant de rendre le texte illisible. La conclusion généralement lue directement après le titre doit pouvoir être repérée en un coup d’œil, en optant pour le caractère gras, par exemple. L’italique est à éviter pour les mises en évidence.

→ La quantité d’informations est réduite(2). Les tableaux peuvent être complétés de commentaires courts et explicites si nécessaire. Les figures, graphiques et photos sont d’ailleurs à privilégier aux tableaux, plus fastidieux à lire. Autre détail : penser à positionner horizontalement les légendes pour une lecture confortable.

→ Les phrases sont courtes et privilégient la forme active. Le message étant essentiellement visuel, il est possible là encore d’utiliser des couleurs attrayantes pour des diagrammes et tableaux afin de mettre l’accent sur des points importants(1).

Pour finir, un repère : un poster agréable à lire et à regarder est composé de 30 % de texte, 40 % d’illustrations et 30 % de vide.

Quelques contraintes

Les personnes qui s’arrêtent pour lire le poster sont a priori intéressées par le sujet. Les conditions de présentation restent moins stressantes que pour une communication orale. Des documents explicatifs peuvent également accompagner le poster et seront mis à disposition du public. Il existe néanmoins quelques contraintes(2) : l’affiche doit tenir sur un panneau vertical aux dimensions précisées dans les instructions aux auteurs. La difficulté réside dans le fait que la surface est réduite et que le message à faire passer reste important. Afin de rester le plus clair possible, Il faut éviter :

- l’abus d’abréviations car elles peuvent avoir plusieurs interprétations en fonction du domaine ;

- le vocabulaire spécialisé ou jargon qui devient incompréhensible pour le public non averti et peut prêter à confusion. Les mêmes termes peuvent avoir une définition différente pour diverses professions. La définition de chaque terme sera vérifiée afin d’éviter des interprétations erronées.

Conclusion

Le poster est un mode de communication intéressant dans les congrès ou colloques car il complète ou évite à l’auteur une intervention orale. Il respecte les règles rigoureuses de présentation et offre des possibilités d’accroche du lecteur par le choix judicieux de couleur. Les personnes qui s’arrêtent pour lire un poster sont souvent réellement intéressées par le sujet. Il s’agit d’une communication scientifique visuelle. La surface est réduite, d’où la nécessité de choisir des messages importants. Elle concilie les éléments de la communication orale ainsi que les éléments de la communication écrite puisqu’il s’agit d’un support muet(1).

1- Fortin M. -F., Gagnon J., Fondements et étapes du processus de recherche : méthodes quantitatives et qualitatives, Chenelière éducation, Montréal, 2010.

2- Salmi L. R., Salamon R. (préface), Lecture critique et communication médicale scientifique : comment lire, présenter, rédiger et publier une étude clinique ou épidémiologique, Elsevier Masson, 3e édition, 2012.