QVT : être à la hauteur - L'Infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018

 

ÉDITORIAL

HÉLÉNE TRAPPO  

RÉDACTRICE EN CHEF

Prendre soin de ceux qui nous soignent », tel est l’engagement gravé dans l’intitulé de la Stratégie nationale pour l’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT), lancée en décembre 2016. À l’heure où l’Observatoire de la QVT est sur le point d’être mis en place, peut-on y croire ? L’un des volets de cette stratégie, et non des moindres, est la prévention des risques psychosociaux et, plus globalement, l’amélioration de la santé des soignants. Or, un état des lieux mené par l’ARS Occitanie, en réponse aux « demandes récurrentes des établissements ne trouvant plus de médecins du travail », présenté lors de la Paris Healthcare Week en mai dernier, laisse songeur. Résultats de la mission : le manque de médecins du travail dans la région - un équivalent temps plein pour 4 000 agents(1) - est criant, compensé entre autres par des généralistes qui ne connaissent pas toujours les spécificités de l’exercice en milieu hospitalier ; le rôle des services de santé au travail (SST) n’est pas assez bien connu des établissements, notamment en ce qui concerne le suivi individuel des agents. Une autre étude, présentée conjointement par l’ANMTEPH(2), révèle que les psychologues, ergonomes et toxicologues sont, en général, situés hors des SST, alors que la pluridisciplinarité est de mise. Les IDE ne sont pas toujours formées : seules 51 % sont titulaires d’une licence ou d’un DIU. Les manques se situent surtout dans les actions de prévention… On apprend enfin, à cette même conférence, que le modèle proposé par l’ARS Occitanie pour permettre à chaque agent d’accéder à un SST « tient compte du problème du manque de moyens ». Démarche louable, mais peut-on parler de QVT dans ces conditions ? À quand un SST à la hauteur des enjeux, face aux mutations du système de santé et à l’explosion des risques psychosociaux ?

1- La réglementation exige un équivalent temps plein pour 2 000 salariés si le service comprend une équipe pluridisciplinaire.

2- Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel des hôpitaux. L’étude a été menée sur l’organisation de la santé au travail dans certains établissements.