Valérie Berger Coordonnatrice de la recherche paramédicale au CHU de Bordeaux - L'Infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

Marie-Capucine Diss  

La curiosité l’habite depuis ses débuts dans la profession. Dans le milieu des années 1980, alors qu’elle commence sa carrière dans un service prenant en charge les personnes porteuses du VIH, Valérie Berger fourmille de questionnements. Quelle image véhicule cette nouvelle maladie, dans la société et chez les soignants ? Que signifient la peur et les tabous qu’elle suscite ? La recherche est un moyen de répondre aux interrogations que fait naître la pratique du métier. En 1995, alors que la recherche infirmière n’a pas encore éclos en France, la Bordelaise dépose son premier projet de recherche, avec la collaboration d’un médecin. Ce Projet hospitalier de recherche clinique (PHRC) porte sur l’alimentation des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde. Elle poursuit sa carrière et gravit les échelons, devenant cadre supérieure de santé.

→ Parmi les premiers primés. Quand le Projet hospitalier de recherche infirmière (PHRI) est créé en 2009, elle fait partie de la première promotion de porteurs de projets primés, pour une étude sur le développement d’une échelle d’évaluation du risque de constipation des patients hospitalisés. Créer une échelle, c’est bien, mais comment s’assurer de son appropriation par les professionnels ? Elle approfondit ce travail et l’adapte aux sciences de l’éducation, avec une thèse qu’elle soutient en 2014 et qui s’intitule « Stratégie d’implantation d’une échelle d’évaluation du risque de constipation : approche éducative et collaborative ». Elle est à présent chercheuse associée dans deux laboratoires de l’université de Bordeaux : Culture et diffusion des savoirs (CeDS) et Économie et management des organisations en santé (Emos). En 2009, elle est mandatée pour promouvoir la recherche infirmière et paramédicale au CHU de Bordeaux. Désireuse de transmettre et d’entretenir une « culture de l’étonnement », elle développe le lien avec les professionnels de la recherche et met en place une bibliothèque et des ateliers de lecture. Moins de dix ans plus tard, le bilan est satisfaisant. Le virus de la recherche se diffuse parmi les paramédicaux. La coordonnatrice égrène avec une énergie communicative les projets en cours. Actuellement, les professionnels paramédicaux bordelais ont obtenu le financement de vingt-deux projets de recherche. « Quand j’entends une infirmière me parler de ses interrogations au sujet d’une pratique qu’elle réalise depuis dix ans et qui pourrait peut-être être abordée autrement, je me dis que nous avons fait du chemin », confie-t-elle en souriant.

→ Faire des émules. Impliquée dans la structuration de la recherche paramédicale, Valérie Berger a participé à la rédaction du projet d’établissement 2016-2020 du CHU de Bordeaux, pour la partie consacrée à la recherche. Parmi les vœux qu’elle avait formulés pour la recherche paramédicale, l’un a déjà été réalisé. Une unité de recherche, issue du groupe de recherche en soins qu’elle avait créé pour fédérer les professionnels engagés dans la recherche paramédicale, vient de voir le jour au CHU. Au sein de l’Unité de recherche et de l’innovation en soins et en sciences humaines (Urissh), anthropologie, sociologie, psychologie, médecine et sciences infirmières se retrouvent et s’enrichissent.

Convaincue de l’intérêt de l’émulation et non de la rivalité, Valérie Berger se réjouit de la place de plus en plus importante prise par la recherche et les sciences infirmières : « Ce que nous faisons est à présent reconnu. Le regard des médecins sur nous a évolué. Il n’y a plus les “grands penseurs” et les “petits penseurs”. Nos travaux portent sur des recherches différentes et complémentaires. » Plus que la reconnaissance, c’est la volonté de promouvoir une pratique infirmière adaptée et optimale, se référant aux fruits récents de la recherche, qui l’anime. Une manière d’apporter « le meilleur suivi possible » aux patients, pour une professionnelle qui reste « guidée, avant tout », par son identité infirmière.

MOMENTS CLÉS

1985 : Diplôme d’IDE à Bordeaux.

1995 : Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) sur l’alimentation des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde.

2003 : Cadre supérieure de santé.

2010 : Programme hospitalier de recherche infirmière (PHRI).

2012 : Promotion de la recherche infirmière et paramédicale au CHU de Bordeaux.

2014 : Thèse en sciences de l’éducation à l’université d’Aix-Marseille.