Partager et améliorer les pratiques - L'Infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018

 

FORMATION

MISE EN ŒUVRE

Hélène Colau  

La phase de recherche pure achevée, il est ensuite primordial de faire vivre ses travaux. Cela passe par des applications dans les services, mais aussi des communications scientifiques dans des colloques.

La recherche en soins commence vraiment quand on pourrait croire qu’elle s’achève : après la rédaction du mémoire et sa soutenance, il est temps de faire connaître ses travaux et de mettre ses conclusions en application.

Vidéo et publication

Anne Meyer-Dario commence par expliquer son projet de recherche et son poster dans son service, en s’appuyant sur une mise en scène humoristique. Puis elle entreprend de réaliser une vidéo pédagogique, en demandant à ses collègues de se filmer. Le résultat – réalisé avec l’accord des parents – a été présenté fin mars. La première partie du film montre quatre enfants placés en position allongée, pour les mesurer (voir photo p. 41). « On observe clairement un stress, ils résistent au moment d’être couchés. Tandis que dans la seconde partie du film, qui montre pourtant des soins douloureux, reçus en position assise, on voit que cela se passe très bien sans contention ! » Avec l’accord des parents, Anne Meyer-Dario espère pouvoir étendre la diffusion de ce film aux colloques.

Car la communication auprès de ses pairs est essentielle si l’on veut changer les habitudes, c’est un travail qui s’inscrit dans la durée – en général plusieurs années. La puéricultrice a commencé à se rendre dans des colloques, comme celui organisé le 19 mars à l’Ifsi Xavier-Arnozan, à Bordeaux, et consacré à la recherche infirmière. Elle intervient également régulièrement en Ifsi, sur le thème de la douleur, et a inclus ses résultats de recherche dans ses cours. À plus petite échelle, elle a réalisé une affiche qu’elle souhaite déposer dans les unités de son CHU. Elle aimerait par ailleurs convaincre ses collègues qu’on peut trouver des solutions simples pour lever les blocages liés au confort du soignant. « Certains disent qu’ils ne peuvent pas piquer avec une main dans le vide. Or, cela se règle simplement, par exemple en plaçant un coussin sous la main », détaille-t-elle. Elle a enfin publié sa recherche dans une revue destinée aux puéricultrices(1) et tente aussi de communiquer auprès des infirmières non spécialisées, souvent confrontées à ce problème et pas forcément bien formées pour réagir. « Or, changer sa manière de travailler peut éviter beaucoup de souffrance, soutient Anne Meyer-Dario. J’aimerais au maximum diffuser ce changement de mentalité, car c’est très gratifiant de voir les résultats positifs au sein de mon équipe. »

Congrès et appel à projets

Sortir ses résultats du pur domaine universitaire pour les voir vivre dans le plus d’hôpitaux possible, c’est aussi l’ambition d’Emma Martel même si, de son côté, elle n’en est qu’au tout début – elle n’a réalisé sa soutenance qu’en septembre 2017. « Je suis encore dans la phase de communication, explique-t-elle. J’ai pour l’instant participé à un colloque organisé en mars par l’Ifsi du CHU de Bordeaux, sur le thème “État des lieux de la recherche infirmière et perspectives”. J’ai ainsi pu sensibiliser les étudiantes à la recherche infirmière. » Elle a aussi été sélectionnée pour présenter son travail dans le cadre du congrès mondial du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (Sidiief), du 3 au 6 juin prochains. Une très belle opportunité de faire connaître ses recherches hors de nos frontières.

Plus modestement, Emma Martel discute de ses travaux avec les collègues de son service, « qui sont très réceptives : elles ont lu mon écrit. Mais je n’ai à ce jour pas pu faire de communication plus poussée, même si mon directeur de pôle a trouvé mes recherches très intéressantes. » Elle envisage de les soumettre dans le cadre de l’Appel à projets interrégional études pilotes de recherche en soins (Apires) en 2019. Emma Martel consolide actuellement son projet pour pouvoir prouver l’intérêt de l’approche sensori-motrice et, dans l’idéal, la développer dans les services de cancérologie. Elle envisage aussi de créer un support qui serait à la fois à l’usage des parents et des soignants. « J’aimerais par ailleurs élargir mes recherches à des enfants un peu plus âgés, eux aussi touchés par les retards d’acquisitions. Et, surtout, développer la prévention, pour éviter que ces retards s’installent. » Un nouveau champ d’exploration pour celle qui souhaite d’ores et déjà se lancer dans de nouvelles recherches.

1- « La position lors des ponctions veineuses périphériques du jeune enfant, une pratique à développer », Soins pédiatrie puériculture n° 300, 2018.