« Comme c’est étrange, à 29 ans, d’avoir le cœur qui flanche », confie Katia. Et pourtant, quand elle tombe malade à la fin du mois de mars 2016, comme quasiment « chaque année à la même période », elle ne s’inquiète pas, pensant à une méchante grippe… Elle ne s’affole pas quand, alitée, elle ressent des « courbatures si vives, si brûlantes que chaque mouvement [la] pèse ». Ou quand elle s’évanouit à répétition dans son appartement au 6e étage, sans ascenseur. Emmenée à l’hôpital dans un état critique, elle restera quarante-huit jours dans ce cocon « sonore, inconnu, angoissant et passablement énervant ». En danger de mort car son cœur est très affaibli. Et là, accrochez-vous car l’écriture de la comédienne, semblable à la rapidité d’exécution des soignants qui s’affairent autour d’elle, bat à cent à l’heure… alors que son cœur, lui, s’épuise. Alors Katia ressent l’urgence de se raconter, de « soulager [son] cœur pour se libérer, pour revenir au monde », de dire qu’elle existe, malgré ces nuits « à côtoyer la mort » en service de réa, cet « univers psychédélique de sons plus ou moins identifiables », où elle ne connaît « ni le repos ni le sommeil ». Cet ouvrage donne le regard d’une patiente sur ces « gestes rapides, précis, vigoureux » de l’infirmière et de l’aide-soignante, qui la manipulent « comme un sac de viande ». Un ouvrage qui chamboule tant il touche à une part intime de nous. Celle qui pourrait faire de nous, un jour, ce patient agonisant. Les frottements du cœur, journal hospitalier, Katia Ghanty, Éd. Carnets Nord, 18 €