Je passe une grande partie de mes journées au bloc. Comment me protéger du froid ambiant ? - L'Infirmière Magazine n° 392 du 01/04/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 392 du 01/04/2018

 

BLOC OPÉRATOIRE

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

K. R.*   Michèle Ollier**  


*Cadre de Santé Iade, Institut Curie, Paris

J’ai passé plusieurs années au bloc opératoire et j’ai beaucoup souffertdu froid. D’autant que je suis frileuse ! Le travail d’une infirmière anesthésiste étant parfois relativement statique, on est quasiment immobile dans cette salle glacée. Et on se sent mal… », confie Michèle Ollier, cadre de santé Iade à l’Institut Curie, à Paris. Si les salles d’opération maintiennent des températures relativement fraîches, c’est avant tout pour éviter le développement de micro-organismes.

Ainsi, la norme hospitalière(1) – qui se base sur l’arrêté du 25 juillet 1997 stipulant que les locaux de haute technicité médicale sont classés en deuxième catégorie – préconise des températures au bloc opératoire comprises entre 19° C et 26° C. En dessous, rappelle Didier Legeais, président du Syndicat national des urologues français, le risque est que « la température corporelle du patient passe en dessous de 35° C, avec des troubles de la coagulation »(2), et au-dessus de 26° C, la responsabilité du médecin peut être engagée en cas d’infection postopératoire.

Si ces consignes doivent être respectées, elles ne peuvent cependant pas aller à l’encontre du bien-être et du confort du personnel soignant. Or, la tenue vestimentaire répond, elle aussi, à des normes bien précises en termes d’hygiène, et peut se révéler trop légère pour les personnes qui sont plus sensibles au froid. D’autant qu’au bloc opératoire, les soignants ne sont pas tous logés à la même enseigne. En effet, explique Michèle Ollier, les chirurgiens ou les Ibode instrumentalistes, habillés stérilement et positionnés directement sous les scialytiques, ont souvent plus chaud que l’IBO et l’Ibode circulante, présentes dans la salle d’opération, ainsi que l’équipe d’anesthésie, généralement placée au niveau de la tête du patient. « La température doit donc rester basse à la demande du chirurgien », ajoute-t-elle. S’habiller chaudement, notamment lors des interventions chirurgicales longues, est donc souvent indispensable. Et si les consignes concernant les vêtements civils sous la tenue sont claires, certains doivent avoir recours à des astuces pour se tenir au chaud.

1- bit.ly/2GNRKgf

2- bit.ly/2D0ObRE

LES BONS RÉFLEXES

→ Empiler les couches de vêtements à manches longues, en tissu ou en papier, pour se tenir chaud.

→ Tout vêtement civil porté sous la blouse doit rester discret.

→ Opter, si possible, pour des vestes à manches longues, à usage unique, qui protègent du froid.

→ Dans la salle d’opération, essayer de bouger car on souffre davantage du froid en position immobile.

→ Choisir son emplacement dans la salle afin d’éviter les flux d’air froid dans la nuque.

→ La consigne d’hygiène qui consiste à faire entrer le haut de son pyjama de bloc dans le bas – afin d’éviter la dissémination des particules – aide également à conserver la chaleur corporelle.

La tenue de combat

→ Coiffe, masque, tunique, pantalon et sabots spécifiques constituent l’essentiel de la tenue réglementaire d’un soignant au bloc opératoire. Son rôle est de protéger à la fois le personnel et le patient, en prévenant la contamination potentielle du site opératoire ainsi que celle des dispositifs médicaux. Il s’agit soit de vêtements en textile réutilisables, soit en textile non tissé à usage unique, tous deux conformes aux normes EN 13795-1, 2 et 3.

→ Face aux basses températures qui prévalent au bloc opératoire, certains établissements mettent à disposition des soignants des vestes à usage unique à manches longues, avec un col en jersey, qui permettent de se protéger du froid, explique Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État (Unaibode). En cas contraire, il est conseillé de juxtaposer les couches de papier et/ou de tissu. « Une de mes collègues confectionnait une écharpe en papier à l’aide de morceaux de sarreau pour se protéger du froid », confie Michèle Ollier. Et certains préfèrent parfois conserver un débardeur sous la blouse – à condition, évidemment, que cela reste discret.