DES APPELS À L’ORDRE - L'Infirmière Magazine n° 392 du 01/04/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 392 du 01/04/2018

 

QUÉBEC

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Héloïse Rambert  

Leur crise semble être à son paroxysme. En désespoir de cause, les infirmières se tournent vers leur Ordre pour dénoncer des conditions d’exercice intenables. Certaines pensent même à s’auto-dénoncer.

Du jamais vu, lâche Lucie Tremblay, présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). On reçoit des messages de toute la province : emails, appels… Nous sommes submergés. » Au bout du fil et du clavier, des infirmières démunies. « Elles nous disent qu’elles se trouvent dans des situations tellement graves qu’elles ne sont plus en mesure de respecter leurs obligations professionnelles et de répondre aux besoins de leurs patients. Elles ne savent plus à qui s’adresser », rapporte Lucie Tremblay. Certaines se disent prêtes à prendre des mesures radicales. « Des IDE sont sur le point de s’auto-dénoncer, et certaines l’ont peut-être fait auprès du syndic, notre secteur d’enquête. Ces deux dernières années, les signalements ont augmenté de 7 %. Et 50 % sont en lien avec des négligences dans le soin », poursuit la présidente. Les patients, inquiets de constater que les IDE n’arrivent pas, malgré leurs efforts, à assurer les soins, saisissent aussi l’OIIQ.

À situation exceptionnelle…

Ces appels à l’aide mettent l’Ordre dans une position inédite. « Notre rôle est d’assurer la compétence et l’intégrité des infirmières. Dans les cas qui nous sont rapportés, il est évident qu’il ne s’agit pas d’un manque de compétence ou d’intégrité, admet Mme Tremblay. Nous devions informer les pouvoirs publics de ce qui se passe. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. »

Une rencontre a eu lieu fin février avec Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux, qui avait ouvert le dialogue, quelques semaines auparavant, avec les syndicats, également alarmés. Car au cœur du mal-être réside le manque d’effectifs. Le ministre s’est engagé à faciliter l’intégration de 1 200 IDE formées à l’étranger et à doter les établissements de postes à temps plein. « Encore faut-il qu’une vraie valeur soit donnée aux professionnels au sein des équipes », met en garde la présidente. Gaétan Barrette a aussi accepté de rencontrer l’Ordre à intervalles réguliers. « Nous nous assurerons que les IDE ne sont pas mises en porte-à-faux avec leurs règles professionnelles. Ça, c’est non négociable. »