UNE IDE LA NUIT ? OUI, MERCI ! - L'Infirmière Magazine n° 389 du 01/01/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 389 du 01/01/2018

 

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Aurélie Vion  

Depuis octobre 2015, le groupe SOS Seniors expérimente la mutualisation d’un poste d’infirmière, la nuit, entre six Ehpad de Moselle. Un dispositif qui devrait être étendu grâce à une enveloppe de dix millions d’euros prévue par le PLFSS(1).

Chutes, sonde urinaire ou perfusion arrachée, hypoglycémie, difficultés respiratoires, troubles du comportement inquiétants… Les aides-soignants de six Ehpad de la Vallée de la Fensch, en Moselle, peuvent désormais compter, la nuit, sur une IDE de garde. De 20 h à 6 h, elle les conseille par téléphone ou se déplace pour réali ser des soins techniques qui dépassent les compétences des AS. Installée dans les locaux de l’Ehpad du Witten, à Algrange, elle met moins de vingt minutes pour rejoindre l’établissement le plus éloigné, les six structures (avec 550 résidents en tout) étant dans un rayon de 20 km.

C’est l’ARS Grand-Est qui a initié l’expérimentation avec un appel d’offres, retenant le groupe SOS Seniors. Elle s’est traduite par l’embauche de 2,8 équivalents temps plein infirmier et représente une enveloppe de 170 000 € annuels, entièrement financés. Les intérêts du dispositif sont multiples : « Il améliore considérablement la sécurité et la qualité des soins, estime Sophie Thomas, coordinatrice des soins au sein du groupe SOS Seniors. Cela limite le recours aux services d’urgence. En 2016, nous avons évité 92 hospitalisations, dont 27 grâce aux prescriptions fournies par téléphone par le médecin urgentiste à l’IDE. » Bien entendu, en cas d’urgence vitale ou d’altération importante de l’état d’un résident, l’aide-soignant doit contacter directement le Samu. La présence de l’infirmière, apportant une évaluation plus ajustée de l’état de santé, permet de limiter les allers-retours systématiques, et parfois inutiles, aux urgences. Ce qui est déjà important, surtout pour ce public fragile.

Une présence qui rassure

Autre point positif : une amélioration de l’accompagnement en fin de vie avec un maintien des résidents à l’Ehpad. « De nombreux résidents souhaitent rester à l’Ehpad aussi longtemps que possible, explique Sophie Thomas. Contrairement à l’AS, l’IDE peut administrer des stupéfiants la nuit, avec des pousse-seringue de morphine par exemple, et rendre possible l’accompagnement en fin de vie. » La présence de l’infirmière de nuit contribue ainsi à améliorer le confort des résidents. Elle rassure aussi les équipes de soins, comme le souligne Christine Jehel, IDE à l’Ehpad du Witten à Algrange : « Les aides-soignantes avaient une grande responsabilité la nuit, où elles géraient seulesdes situations parfois compliquées. Désormais, elles peuvent compter sur l’aide de l’infirmière. C’est rassurant pour elles d’avoir cette ressource. »

La mise en place de cette expérimentation a nécessité la rédaction d’un protocole et d’une fiche de poste pour l’IDE de nuit. Mais n’a pas représenté de difficultés particulières, sauf peut-être la différence d’outil informatique entre les cinq Ehpad gérés par le groupe SOS et le 6e établissement, hors groupe, qui a rejoint le dispositif en 2016. L’IDE de nuit ne peut pas consulter à distance le dossier patient car le logiciel de soins n’est pas le même. Un obstacle qui semble bien faible au regard des bénéfices constatés. « C’est vraiment très positif, surtout pour la continuité des soins, insiste Christine Jehel. Nous espérons que l’expérimentation soit pérénisée. »

1- Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.