Je suis enceinte et j’ai peur que mon travail à l’hôpital empêche le bon déroulement de ma grossesse. Comment prendre soin de moi ? - L'Infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017

 

BIEN-ÊTRE

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

Anne-Marie Curat  

PRÉSIDENTE DU CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES SAGES-FEMMES

Toutes les futures mères sont invitées à être attentives à leur hygiène de vie pendant la grossesse, afin que celle-ci se déroule au mieux pour elles et leur bébé. « On recommande de faire attention à l’alimentation pour éviter le risque de contracter la toxoplasmose et la listériose, de ne pas boire d’alcool et de se reposer », rappelle Anne-Marie Curat, présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes. Mais pour les IDE qui travaillent à l’hôpital, des risques spécifiques se posent. « Il y a l’exposition aux produits toxiques ou aux rayons. On pense aussi au risque infectieux du contact avec des patients malades. Enfin, les conditions de travail - station debout prolongée, charges lourdes, travail nocturne ou prise en charge de patients violents - doivent faire l’objet d’une attention particulière », détaille Anne-Marie Curat. Ainsi, les IDE enceintes doivent éviter les services de maladies infectieuses et tropicales qui, outre les risques de contamination, posent aussi le problème de la manipulation de protoxyde d’azote, et la pédiatrie, où les petits patients peuvent être porteurs de varicelle ou de coqueluche. L’exposition à des toxiques dangereux pour la reproduction ou à des rayonnements ionisants de plus de 1 mSv est interdite, de même que le travail en chambres hyperbares. Pour le reste, il ne faut pas hésiter à demander un aménagement de poste (voir encadré) ou un changement d’affectation. Mais parfois, s’arranger avec des collègues peut suffire. Enfin, le travail de nuit n’est pas forcément à éviter. « Parfois, la charge de travail en poste de nuit peut présenter moins de pénibilité que certains postes de jour », explique Anne-Marie Curat. Lisette Gries

Et si j’allaite ?

→ Les salariées qui souhaitent poursuivre leur allaitement après la reprise du travail disposent légalement de deux pauses de trente minutes par jour pour tirer leur lait, voire pour allaiter. Pour maintenir la lactation, notamment avant les quatre mois du bébé, il est judicieux, si possible, de tirer son lait plus régulièrement pour imiter le rythme de l’allaitement.

→ Mieux vaut s’isoler dans une pièce calme où l’on ne sera pas dérangée. Boire au minimum 1,5 l d’eau dans la journée, veiller à une alimentation équilibrée et préserver son sommeil favoriseront la poursuite de l’allaitement. Le lait maternel se conserve de cinq à huit jours au frais, et quatre à six heures à température ambiante. Il faut donc réserver une étagère d’un frigidaire (propre) à cet effet quand on tire son lait au début de la garde.

Que prévoit la loi ?

→ Selon le code du travail (art. L 1225), « la salariée enceinte peut être affectée temporairement dans un autre emploi, à son initiative ou à celle de l’employeur, si son état de santé médicalement constaté l’exige ». À la demande de la salariée enceinte ou du médecin du travail, l’employeur est notamment tenu de proposer un poste de jour aux personnes travaillant de nuit. Enfin, « l’employeur propose à la salariée qui occupe un poste de travail l’exposant à des risques déterminés par voie réglementaire, un autre emploi compatible avec son état ».

→ Ces aménagements doivent se faire sans incidence sur la rémunération et la salariée doit retrouver son poste initial à son retour de congé maternité. Si l’employeur ne peut les organiser, le contrat de travail est suspendu jusqu’au début du congé maternité. « La salariée bénéficie d’une garantie de rémunération pendant la suspension du contrat de travail, composée de l’allocation journalière […], de la Sécurité sociale et d’une indemnité complémentaire à la charge de l’employeur. »

→ Par ailleurs, dans la fonction publique hospitalière, il est possible de demander à travailler une heure en moins par jour (non cumulable dans le temps) dès le début du 3e mois de grossesse.

LES BONNES PRATIQUES

→ Passer une visite pré-conceptionnelle, pour faire le point sur son statut vaccinal et infectieux.

→ Respecter à la lettre les protocoles d’hygiène mis au point par le Clin, notamment quand le port du masque et des gants est recommandé(1).

→ Penser à s’hydrater suffisamment, au moins 1,5 l par jour, en privilégiant l’eau et les tisanes, et prendre des repas équilibrés et réguliers en veillant à ses apports en fer et en calcium (penser aux amandes à grignoter pour des en-cas).

→ Porter des bas de contention dès le début de la grossesse et faire des pauses en position assise.

→ En cas de travail de nuit, il est important de dormir sept heures au minimum dans la journée et de ne pas sacrifier son sommeil à la vie de la famille, par exemple.

→ Faire suivre régulièrement sa grossesse et se reposer dès que le besoin s’en fait ressentir.

1 - Le Clin est le comité de lutte contre les infections nosocomiales.