LES EHPAD EN ALERTE - L'Infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017

 

MISSION FLASH

ACTUALITÉS

FOCUS

Isabel soubelet  

Après cinq semaines de travail, la « mission flash » a rendu ses résultats. Ils soulignent de nombreux dysfonctionnements.

Initiée le 3 août, la « mission flash » sur les établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad) a rendu ses premières conclusions le 13 septembre. Une enquête menée en un temps record pour un sujet complexe et conflictuel(1). « Cette action a porté sur vingt-six auditions d’acteurs du secteur. Ce diagnostic sera suivi de mesures et propositions concrètes », précise Monique Iborra, députée (LREM, Haute Garonne) et rapporteuse de la mission(2).

Personnel en sous-effectif

Premier constat, la population accueillie est plus vieille (en moyenne 85 ans), plus dépendante (polypathologies, maladies neurodégénératives) et avec un temps de séjour de deux ans et demi. Ces changements induisent une médicalisation plus grande.

L’autre point noir du dossier, c’est le sous-effectif en personnel et les conditions de travail difficiles à tous les niveaux. Ainsi, un tiers des établissements serait dépourvu de médecin coordonnateur. Quant aux aides-soignantes, leurs conditions de travail sont jugées « particulièrement préoccupantes, tant du point de vue physique que psychologique. Le taux d’absentéisme est de 10 % en moyenne et les accidents du travail en Ehpad seraient aujourd’hui deux fois supérieurs à la moyenne nationale », indique le rapport de la mission.

Par ailleurs, il pointe, dans la grande majorité des établissements, l’absence d’infirmiers de nuit. « Cela a des conséquences en termes de responsabilité voire de sécurité, argumente Monique Iberra. Et aussi un coût pour la personne, déjà en perte de repères, qui fait, très souvent, des allers-retours inutiles entre l’hôpital et sa chambre, à cause d’hospitalisations non nécessaires. À mon sens, c’est une mesure d’urgence. Il suffirait d’une circulaire pour inclure la présence d’un IDE, la nuit, en astreinte ou en poste, et bien sûr la budgéter. L’autre mesure à court terme est de travailler sur la formation, le recrutement et la revalorisation des ASH en actualisant leurs compétences et leurs statuts. » Dans un deuxième temps – au plus tard au 1er semestre 2018 – la mission souhaite déboucher sur la mise en place de normes minimales d’encadrement. Elle planchera sur l’Ehpad de demain. « Il faut inventer un nouveau système qui n’est ni le tout-établissement ni le tout-domicile, en s’inspirant de ce qui marche en France et en Europe », estime la députée.

1- Cent dix-sept jours de conflit à l’Ehpad des Opalines à Foucherans, dans le Jura, mais aussi dans des établissements en Gironde, en Loire-Atlantique et dans les Vosges.

2- Elle est également vice-présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.