LES DÉSINFECTANTS DE SURFACE FONT TOUSSER - L'Infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017

 

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Adrien Renaud  

Une étude française menée sur une cohorte d’IDE américaines montre que l’utilisation de désinfectants de surface augmente le risque de développer une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Désinfecter un plan de travail, un sol… Ce geste hospitalier des plus communs pourrait être en partie responsable de problèmes respiratoires chez les professionnels de santé. C’est ce que suggèrent les résultats présentés par Orianne Dumas, épidémiologiste à l’unité Inserm « Vieillissement et maladies chroniques – approches épidémiologique et de santé publique », lors du congrès de l’European Respiratory Society, qui s’est tenu à Milan en septembre dernier.

« Nous avons suivi 55 000 infirmières américaines entre 2009 et 2017 », raconte la chercheuse. Tous les deux ans, via un questionnaire, celles-ci décrivaient (entre autres choses) les tâches de désinfection qu’elles réalisaient, et signalaient tout diagnostic de BPCO qu’elles avaient pu avoir. Résultat : celles qui utilisaient des désinfectants de surface au moins une fois par semaine avaient environ 20 % de chances de plus que les autres de développer une BPCO. Le lien avec l’utilisation des désinfectants pour le matériel médical n’était, en revanche, pas statistiquement significatif.

On arrête de désinfecter ?

« C’est la première étude qui montre un tel lien chez des professionnels de santé, commente Orianne Dumas. Jusqu’ici, c’est surtout le lien entre les produits nettoyants et l’asthme qui avait été étudié. » Des études plus approfondies seront nécessaires pour renforcer les connaissances sur le sujet, prévient la chercheuse.

Reste une question : que faire ? « Bien sûr qu’il ne faut pas arrêter de désinfecter les hôpitaux », précise Orianne Dumas. Celle-ci appelle plutôt les experts de l’hygiène hospitalière et ceux des risques professionnels à discuter ensemble pour voir comment protéger la santé respiratoire tout en limitant les risques d’infections. La quadrature du cercle ? Pas forcément. L’épidémiologiste suggère même des pistes de réflexion, comme le port de masques ou l’abandon des produits en spray.