Les bons réflexes en cas d’urgence - L'Infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

C. M.*   Annic JArnoux**  


*médecin généraliste à Strasbourg (67)

Pour éviter une grossesse non désirée, après un rapport non ou mal protégé, on proposera la pilule d’urgence accessible en pharmacie, éventuellement le stérilet au cuivre autre méthode de secours.

LA CONTRACEPTION HORMONALE

La pilule d’urgence agit principalement par inhibition ou en retardant l’ovulation. Si elle est prise dans les vingt-quatre heures après le rapport, son efficacité est de l’ordre de 95 %. Plus elle est prise tardivement, plus il y a risque de grossesse. Si les règles ne surviennent pas à la date prévue, avec un retard de plus de sept jours, un test de grossesse doit être réalisé. De même si elles sont moins abondantes que d’habitude ou en cas de nausées. Si vomissements dans les trois heures après la prise, reprendre un comprimé le plus vite possible.

• Le lévonorgestrel est un progestatif pour lequel il existe deux spécialités : Norlevo et son équivalent thérapeutique Lévonorgestrel Biogaran.

• Administration : une dose unique de 1,5 mg, dans les soixante-douze heures après le rapport non protégé, de préférence dans les douze heures, avec collation.

• Contre-indications :

– hypersensibilité au lévonorgestrel ;

– aucune contre-indication telle que maladie cardio-vasculaire (cas de la contraception œstroprogestative) ;

– déconseillé en cas d’atteinte hépatique.

• Précautions :

– efficacité réduite en cas de syndrome de malabsorption comme la maladie de Crohn, ou de prise concomitante d’inducteurs enzymatiques anticonvulsivants (phénytoïne, phénobarbital, primidone, rifampicine, carbamazépine, griséofulvine, ritonavir, millepertuis…). Dans ce cas, préférer le stérilet au cuivre.

– chez la mère qui allaite, le lévonorgestrel étant secrété dans le lait, allaiter juste avant la prise du comprimé. Éviter ensuite d’allaiter pendant les six heures suivantes.

• Effets indésirables : nausées voire plus rarement vomissements, douleurs abdominales, tension mammaire, maux de tête, saignements dans les cinq à dix jours (à ne pas confondre avec les règles). En cas d’échec de la méthode, il n’y a aucun effet nocif sur le fœtus.

• L’ulipristal est un modulateur sélectif des récepteurs à la progestérone. Une spécialité : EllaOne.

• Administration : une dose unique de 30 mg jusqu’à cent vingt heures après le rapport non protégé, de préférence dans les vingt-quatre heures, avec une collation.

 Contre-indications :

– insuffisance hépatique sévère ;

– hypersensibilité à la molécule ;

– déconseillé en cas d’asthme sévère.

• Précautions :

– ne pas délivrer avec les inducteurs enzymatiques (rifampicine, phénytoïne, phénobarbital, carbamazépine, ritonavir, millepertuis… ) ou des médicaments qui augmentent le pH gastrique (anti-acides, antagonistes de la pompe à protons) qui peuvent diminuer son efficacité ; avec le lévonorgestrel, avec les glucocorticoïdes en cas d’asthme sévère ;

– l’allaitement est déconseillé pendant une semaine ;

É éviter la conduite automobile et l’utilisation de machines.

• Effets indésirables :

– très fréquents : douleurs abdominales, troubles menstruels (saignement vaginal irrégulier, syndrome prémenstruel, crampes utérines) ;

– fréquents : maux de tête, fatigue, vertiges, nausées, vomissements, règles douloureuses, crampes musculaires, sautes d’humeur, infections du nez, de la gorge ou des voies urinaires.

LE DIU AU CUIVRE

La pose d’un dispositif intra-utérin (DIU) ou stérilet – exclusivement au cuivre – est une méthode de contraception d’urgence utilisée jusqu’à cinq jours après le rapport non protégé. Moins connue que la précédente méthode, elle est de loin plus efficace : 99,9 % d’efficacité même à cinq jours. Elle présente l’avantage d’être conservée comme moyen contraceptif. Le DIU pourra être retiré pendant ou après les règles, suivant sa pose.

• Contre-indications :

– malformations ou fibromes de l’utérus, cancer du col de l’utérus, IST, infections de l’utérus en cours ;

– la nulliparité/nulligestité n’est pas une contre-indication.

• Effets indésirables :

– contractions utérines, saignements et pesanteur pelvienne dans les jours suivant la pose ;

– si le stérilet est conservé comme contraceptif, règles plus abondantes et spottings.

INFORMATIONS PRATIQUES

La contraception d’urgence est en vente libre et délivrée gratuitement et anonymement :

→ aux mineures en pharmacie, dans les centres de planification et d’éducation familiale et les infirmeries scolaires ;

→ aux étudiantes dans les services universitaires et inter-universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé.

Prix en dehors de ces cas :

→ Lévonorgestrel : de 3 à 7 € ; Ulipristal : inférieur à 20 €, remboursé à 65 %.

→ DIU : environ 30 €, remboursé à 65 %.