La coupe est pleine. Elle l’était déjà, me direz-vous… et vous n’aurez pas tort. Les mesures économiques, la réduction d’effectifs, le manque de reconnaissance et de moyens n’ont eu de cesse d’alimenter nos colonnes ces derniers mois. Le monde hospitalier, et plus largement le système de santé, est en crise et demande une restructuration profonde. Car, malgré ses contraintes, on voudrait qu’il soit à l’écoute de chaque acteur de la chaîne du soin. Qu’il reconnaisse les compétences. Qu’il offre un environnement de travail plus hospitalier. Qu’il comprenne surtout la souffrance au quotidien… Car ce trop-plein que vous ressentez, d’autres autour de vous, au plus près de vous d’ailleurs, le vivent également. L’étude de la Fnesi tire la sonnette d’alarme (voir p. 8) : attention, étudiants en danger. Épuisés physiquement, sujets aux propos humiliants ou blessants des tuteurs, stressés, consommateurs d’anxiolytiques… Plus de 14 000 réponses qui disent, presque toutes, la même souffrance. Sans compter les silences, les non-dits ou les départs précipités. En clair, l’étude interpelle les pouvoirs publics, les associations professionnelles, les tuteurs de stage, les équipes soignantes, les formateurs en Ifsi, les directeurs d’hôpitaux… Mais relativisons : il y a de très bons terrains de stage – et heureusement – qui assurent une transmission apaisée, rigoureuse mais juste. Mais combien aujourd’hui frôlent la maltraitance ? Et quand l’IDE souffre, comment peut-elle accompagner sereinement l’ESI ? Aujourd’hui, plus que jamais, il faut prendre soin des soignants (voir le dossier p. 20). Car si la prochaine génération arrive en poste avec une telle souffrance, elle ne saura – et ne pourra – être bienveillante avec la suivante. Un peu comme une histoire sans fin.