INFIRMIÈRE SPÉCIALISTE CLINIQUE DANS L’ÉQUIPE MOBILE DE SOINS PALLIATIFS DE L’HÔPITAL BICHAT-CLAUDE-BERNARD (AP-HP), PARIS - L'Infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017

 

RENCONTRE AVECSOPHIE CHRÉTIEN

CARRIÈRE

PARCOURS

S. M.  

C’est mon poste d’infirmière clinicienne qui m’a amenée aux soins palliatifs, résume Sophie Chrétien. Ceci combiné avec mon propre mal-être dans différents environnements de travail et l’envie de prendre soin des professionnels. » Infirmière depuis 1996, Sophie ne rêvait au départ que de travailler auprès des enfants. « J’ai commencé en pédiatrie néonatale, puis je suis passée dans deux services de cancérologie. J’ai découvert la mort chez l’enfant qui n’a pas l’expression verbale, et j’ai vécu des choses très fortes avec eux. Mais c’est aussi un environnement où les IDE souffrent et parlent très peu entre elles de ce qu’elles ressentent. »

À l’étroit dans un soin très technique, globalement déçue par un environnement professionnel qu’elle estime fort peu « soignant » à l’égard de ses professionnels, Sophie Chrétien quitte la fonction publique et cherche un nouvel employeur dans le secteur privé non lucratif. Elle s’investit dans un certificat de clinique infirmière. « Là, j’ai approfondi le rôle propre et autonome, le raisonnement clinique, la gestion de conflits, les approches thérapeutiques non médicamenteuses… »

Et tout naturellement, l’infirmière s’interroge sur le cadre d’exercice dans lequel elle pourrait mettre à profit ces compétences.

→ Clinique, pédagogie, recherche. « J’ai pensé qu’un poste en équipe mobile me laisserait davantage d’espace. » Sophie Chrétien part donc dans une équipe en création au Vésinet (78), où son arrivée s’avère compliquée. « C’était une équipe nouvelle, imposée par la direction, les autres infirmières me regardaient d’un mauvais œil parce que j’étais à l’écart des pressions qu’elles vivent au quotidien. Bref, je n’ai pas forcément pu développer ce que je voulais faire, avec le bagage que m’avait fourni mon certificat de clinicienne. J’ai passé beaucoup de temps à faire de la diplomatie (ce qui est le propre des équipes mobiles), à tenter de me faire accepter, et à m’adapter aux multiples changements de médecin avec qui je faisais équipe… » C’est finalement à Bichat qu’elle trouve davantage le temps de poser son propre projet professionnel. « Pour moi, le travail en équipe mobile de soins palliatifs, c’est trois axes : le travail clinique auprès du patient, pour son évaluation ; la pédagogie auprès de l’équipe afin de leur proposer des pistes de réflexion et d’action ; et la recherche. Même s’il m’est un peu difficile de travailler sur ces trois dimensions en même temps. D’autant que je me charge aussi de la coordination avec la ville, pour le retour des patients à domicile. »

Toujours désireuse de se former et d’évoluer dans la clinique, l’infirmière s’est inscrite en master de sciences cliniques. « L’idée était une fois encore de prendre un peu de recul et d’enclencher véritablement des activités de recherche au sein de l’équipe. » Elle a également pu mettre en place différentes initiatives : de l’analyse de la pratique professionnelle dans un service, un groupe de lecture critique d’articles scientifiques, un projet de re­cherche sur l’effet de l’aromathérapie en soins palliatifs…

→ Troisième voie. Après de tels choix, bien sûr, on comprendra que son avenir, Sophie ne le voit pas dans des fonctions d’encadrement. « Beaucoup de collègues prennent cette voie. Moi, c’est le cœur de métier qui m’intéresse et depuis que je me suis engagée dans les soins palliatifs, j’ai toujours entendu dire qu’une troisième voie allait se créer pour les infirmières. » La jeune-femme, stimulée par l’implication dans de nouveaux projets ne craint pas de sortir des rails de l’hôpital. « En ville aussi, il y a des chose à faire si on nous reconnaît un statut de clinicienne et que l’on s’extrait de la tutelle du médecin. » Son entourage professionnel la pousserait plutôt vers un doctorat. « Pourquoi pas ? Cela pourrait me permettre de faire avancer la profession en participant à son universitarisation par exemple. Mais il est impératif de continuer à me nourrir de la clinique. Et comme il n’existe pas de filière en sciences infirmières, je réfléchis à savoir dans quelle discipline ma démarche pourrait s’inscrire. »

MOMENTS CLÉS

1996 : DE, Ifsi Saint-Joseph (Paris) puis premiers postes en pédiatrie néonatale et cancérologie pédiatrique.

2000-2002 : certificat en clinique infirmière.

2004 : intègre une première équipe mobile de soins palliatifs à l’hôpital du Vésinet (78).

2010 : intègre l’EMSP de l’hôpital Bichat (AP-HP).

2012-2014 : Master en sciences cliniques de soins infirmiers, option soins palliatifs.