La boule au ventre - L'Infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017

 

CRITIQUE

RENDEZ-VOUS

L’espace pro

Sophie prissette  

Cadre formateur

→ Cet ouvrage lance un pavé dans la mare… en espérant que l’agitation produite sur ces eaux stagnantes touche non seulement les professionnels chargés de la formation mais aussi les pouvoirs publics chargés de l’organisation de ces formations. Il s’attache à dénoncer les violences faites aux apprenants lors de leurs stages ou à l’institut de formation. Et si le titre n’évoque que le milieu hospitalier, les stages du secteur médico-social sont également ciblés. L’ouvrage est organisé en deux temps. Le premier recueille les témoignages, tous plus consternants les uns que les autres. Une lecture qui donne la nausée tant les cas sont nombreux et les faits cruels. D’ailleurs, l’expression la plus utilisée est la « boule au ventre ». Au fil de la lecture de leurs mots (ou maux), le souvenir de cette boule me revient. Je referme le livre avant la fin des témoignages, ce n’est plus supportable. Au-delà de l’émotion que peut susciter cette première partie, je m’interroge sur les raisons qui poussent à agir contre les valeurs de bienveillance et d’attention qui sous-tendent nos professions. La deuxième partie offre plusieurs analyses de ce « phénomène ancien » comme le rappelle Christophe Dejours, psychiatre. Chaque article apporte des idées, des solutions pour contrer cette maltraitance. Des portes s’ouvrent sur des possibles changements qui vont de l’organisation de notre système de santé et des services de soins à une offre de soutien psychologique, en passant par le respect des lois concernant le harcèlement moral, dont la dénonciation des mauvais traitements et un renforcement du partenariat entre instituts de formation et lieux de stage. Il y en a d’autres, tous mériteraient d’être écoutés. Cela signifie que la volonté de changer existe, mais qu’il faut y mettre les moyens : former et rendre autonome un apprenant demande du temps. Quoi qu’il en soit, il est souhaitable que les vagues produites par cet ouvrage brisent quelques murs afin de recentrer enfin l’attention sur les besoins des étudiants. Leur donner la parole par l’évaluation de la qualité de leur encadrement pourrait être un levier de changement.

* Omerta à l’hôpital, le livre noir des violences faites aux étudiants en santé, Valérie Auslender, Éd. Michalon, 21 €