HÉMORRAGIE DE SOIGNANTS - L'Infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017

 

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Sandra Mignot  

Inquiètes pour le maintien de leurs conditions de résidence après le Brexit, les infirmières originaires de l’Union européenne quittent en grand nombre le National Health Service.

Le nombre d’infirmières originaires de l’Union européenne (UE) qui intègrent le Royaume-Uni a chuté de 92 % depuis le référendum de juin 2016 en faveur du Brexit. Ainsi, en décembre 2016, seules 96 ont intégré le National Health Service (NHS) contre 1 304 en juillet, au lendemain du référendum. Une enquête du parti des Libéraux-démocrates auprès de 80 groupements de santé (sur 136) a aussi révélé le départ de 2 700 infirmières européennes contre 1 600 en 2014, soit une augmentation de 68 %.

« Elles s’en vont, car elles n’ont reçu aucune garantie sur le maintien de leurs conditions de résidence, précise Janet Davies, secrétaire générale du Royal College of Nursing (RCN). Peu de personnes peuvent vivre dans une telle incertitude. » Le RCN a réclamé à plusieurs reprises auprès du gouvernement des engagements sur le statut des professionnels de santé européens. Mais la Première ministre, Theresa May, refuse de garantir des conditions de séjour avant que les négociations sur la sortie de l’UE n’aient été entamées.

24 000 postes non pourvus

Cette stratégie menace la qualité du service de santé britannique, au sein duquel déjà 24 000 postes ne sont pas pourvus. Actuellement, 5 % des infirmières employées par le NHS sont originaires de l’Union européenne - soit 20 000 IDE sur un total de 57 000 professionnels de santé issus de l’UE - tandis que 10 % viennent d’autres pays du monde. Depuis des années, l’université ne forme plus assez de soignants et la décision de supprimer les bourses pour les étudiants en soins infirmiers en 2017 a aggravé la situation puisque près de 10 000 candidats ont renoncé à s’orienter vers cette carrière cette année. D’autre part, une infirmière sur trois partira en retraite dans les dix prochaines années.

« Le gouvernement prend le risque de couper le recrutement en provenance d’autres pays alors que nos services connaissent une crise d’une ampleur inédite, indique le RCN dans un communiqué. Il faut dire que nous avons besoin d’eux et qu’ils restent les bienvenus dans le NHS. » Norman Lamb, ancien ministre de la Santé, a même appelé à la création d’un “passeport NHS”.