GAÏA : UN BILAN POSITIF - L'Infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017

 

TOXICOMANIE

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FOCUS

Adrien Renaud  

Six mois après son lancement, les responsables de l’Espace Gaïa, qui garantit l’accès à un espace de consommation sécurisé, estiment que l’expérience mérite d’être poursuivie.

Salle de shoot pour les uns, salle de consommation à moindre risque pour les autres. Le vocabulaire est miné quand on parle de l’unité qui, au cœur de l’hôpital Lariboisière (AP-HP) dans le 10e arrondissement de Paris, accueille les usagers de drogue pour qu’ils puissent s’injecter ou inhaler leurs produits en sécurité. Et pourtant, loin des polémiques médiatiques, l’équipe sur place continue son travail sereinement. « Il y a maintenant environ 180 passages par jour », explique José Matos, en charge du site pour le compte de l’association Gaïa. Soit une montée en charge significative : à l’ouverture en octobre dernier, le flux était trois fois moindre. En tout, une vingtaine de salariés s’affairent autour des usagers pour qu’ils disposent de matériel propre, qu’ils apprennent les techniques les plus sûres, et qu’ils aient accès à des soins dispensés par le personnel médical ou paramédical si nécessaire. Notamment pour la « bobologie », insiste José Matos - pansements, blessures liées aux injections… -, mais aussi le dépistage de maladies comme l’hépatite C ou le VIH, fréquentes chez les usagers de drogue.

La municipalité satisfaite

Si le directeur José Matos se dit « très content » du démarrage de la salle, il a toutefois un regret : celui de ne pas pouvoir étendre les horaires d’ouverture : « La première chose que l’on fait quand on se réveille le matin et qu’on est en manque, c’est de consommer », précise-t-il. Or, pour des raisons budgétaires, la salle n’ouvre qu’à 13 heures, ce qui conduit encore certains usagers à s’injecter les produits dans la rue.

Du côté de la Ville de Paris, on affiche sa satisfaction. « L’objectif était de toucher cette population pour la faire entrer dans une prise en charge médico-sociale, et cela fonctionne », indique Bernard Jomier, adjoint au maire chargé des questions de santé. Mais il prévient toutefois qu’il est « bien trop tôt » pour avoir des données concernant les résultats sanitaires.

Côté sécurité publique, l’expérience semble aussi être positive. « Le nombre de seringues ramassées dans le périmètre autour de la salle a baissé de plus de 60 %, ce qui traduit la baisse de la consommation de rue », poursuit Bernard Jomier. Qu’en est-il de la création d’autres salles ? L’édile est catégorique : « Le Conseil de Paris a adopté un vœu en faveur de l’ouverture d’un autre site en Île-de-France. Personne n’imagine qu’il suffira d’une seule salle pour répondre aux besoins à l’échelle de la métropole. »